Qu’ont en commun le fleuve Los Angeles, le siège du PCF, l’agence de publicité BETC et la péniche Louise-Catherine ? Tous ces lieux ont accueilli en résidence Frédérick Gautier, alias FCK, artiste spécialisé dans la céramique de béton. Après une première vie de directeur artistique dans le cinéma, au cours de laquelle il a côtoyé David Lynch et Amos Gitai, il décide de changer de voie.
Durant quatre ans, il se forme d’abord au paysagisme à l’École nationale supérieure de Versailles puis à l’art subtil de la terre cuite au Japon. Il entame ensuite une série de résidences qui lui permettent de concilier ses deux passions. Dans le fleuve Los Angeles, un cours d’eau entièrement domestiqué qui traverse la mégapole, il crée des compotiers inspirés des lieux. Embarqué sur la péniche parisienne aménagée par Le Corbusier, il sculpte une série de théières en béton qui rendent hommage au maître du brutalisme. Et l’an dernier, à nouveau dans la capitale, il a passé deux mois (en plein hiver !) sur le toit du siège du PCF d’Oscar Niemeyer. Il y a donné naissance à une nouvelle typologie d’objets baptisée « Tokonoma » : une vague de béton qui s’inspire des iconiques courbes de l’architecte brésilien.
Cette année, pour son 10e solo show, Frédérick Gautier s’installe à la galerie Mercier, dans le XXe arrondissement de Paris, pour une résidence de deux mois aux faux airs de rétrospective. S’il doit créer sur place des pièces originales (des claustras mobiles en béton), il y expose aussi les objets qu’il a façonnés ces dernières années, dont certains sont aujourd’hui édités par Serax.
Mais c’est aussi l’occasion pour lui d’inviter des créateurs de domaines connexes dont il se sent proche. Le musicien électro Dominique Dalcan a ainsi composé une bande-son originale pour accompagner la manifestation. Spécialiste de la cuisine zen, la cheffe Valérie Duvauchelle assure des ateliers d’initiation à cet art éminemment nippon, tandis que Nicolas Delaplace, le graphiste complice de longue date, expose ses œuvres aux murs.
« Même si le brutalisme m’intéresse, le brut ne me plaît pas. Je recherche avant tout la sobriété, la simplicité et la fonctionnalité », avance Frédérick Gautier, qui emménagera son atelier en septembre sur le toit de la Cité radieuse marseillaise, avant de s’envoler pour Toronto et Bogota…
> « In situ 10. Du sol au plafond en passant par les murs ». Frédérick Gautier à la galerie Mercier et associés, 3, rue Dupont-de-l’Eure, à Paris (XXe).
> Du jeudi au dimanche, de 11 h à 19 h, jusqu’au 14 avril et sur rendez-vous.