Après Pierre Charpin et Ronan Bouroullec, c’est au tour de Nathalie Du Pasquier d’afficher ses dessins à l’Hôtel des Arts de Toulon, à l’occasion d’une exposition pensée par la villa Noailles, jusqu’au 27 avril 2024.
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Liberté et ruban adhésif
Jean-Pierre Blanc, directeur général de la villa Noailles, met en garde les visiteurs : « comme il s’agit d’une exposition libre, fine et intelligente, vous le remarquerez très vite, il n’y a aucun encadrement, ni aucune protection sur les oeuvres originales« . Avant qu’il n’ait le temps de rappeler les bonnes manières relatives à une telle visite, Nathalie Du Pasquier le coupe avec la malice et l’humour qui la caractérisent, et nous invite à projeter nos mains avec enthousiasme sur son travail. Ou plutôt sur une partie de son travail. Membre fondatrice du groupe Memphis, au travers duquel elle explore l’architecture et le design, la Milanaise d’adoption s’est consacrée à la peinture à partir de 1987. Une nouvelle ère créative où elle produit également quantité de dessins et d’œuvres sur papier. C’est cette pratique, que la villa Noailles a souhaité mettre en lumière, revenant sur 30 ans de création.
Si pour certains le “dessin est surtout destiné à servir de terrain d’entraînement ou à des projets de peinture” précise dans un texte Luca Lo Pinto, directeur artistique du MACRO (Musée d’Art Contemporain de Rome), compagnon de route de la designer, les réalisations exposées de Nathalie du Pasquier, “sont des œuvres à part entière”. Pas question non plus de “dessins de conception, car ils ne sont pas destinés à être appliqués à quoi que ce soit. Ce sont des esprits libres.”
Une liberté qui se retrouve également dans la scénographie de l’exposition. Comme l’indiquait le patron de la villa Noailles, pas de cadres (si ce n’est pour le dessin d’une passoire), pas de protection. Simplement quelques clous et du ruban adhésif. Pas question non plus de visite chronologique ou thématique, et encore moins de cartouches explicatifs. Seuls quelques textes, sous cadres eux, écrits par la designer, nous donnent quelques explication bien que peu précises, et l’impression de partir en déambulation avec elle.
L’amour du module
Sortis de ses “tiroirs en désordre”, les dessins de Nathalie Du Pasquier alternent entre constructions géométriques, paysages fantastiques inspirés de voyages, mais aussi natures mortes réinventées. Pas de tables grandiloquentes ni luxuriantes, mais des objets du quotidien comme un poste de radio Sony, un bidon, un chausson, un verre, une altère, des bouteilles. Une démarche de démystification de l’art, qui fait donc écho à sa scénographie, faussement simple, et qui fait partie intégrante de sa démarche artistique.
Le parcours est également parsemé de phrases et mots empruntés à l’auteur Pierre Mac Orlan et l’humoriste Cheval. Non pas choisis pour expliquer ou illustrer ses œuvres, mais pour “créer d’autres images” souligne Luc Lo Pinto. Avec cette exposition, Nathalie Du Pasquier ne nous montre pas des œuvres isolées et indépendantes, mais des associations et des constructions poétiques dont elle a le secret et qui constituent sa signature. Un goût pour la construction, et donc pour le module, qu’elle explique très clairement dans la pièce baptisée “Electric”, où les murs sont habillés de formes géométriques imprimées qui, “comme dans un jeu de construction, élaborent un paysage”.
Un jeu qu’elle avait notamment exploré, via sa collaboration avec la marque de carrelage italien Mutina et qu’elle explique dans le film Portrait of my sister as an artist réalisé par sa sœur Judith Du Pasquier, projeté à cette occasion. Cette maison transalpine collabora à nouveau avec Nathalie Su Pasquier dans le cadre d’une seconde exposition à la villa Noailles, à l’occasion de Design Parade Hyères à l’été 2024. Une heureuse association qui n’annonce d’ores et déjà haute en couleurs.
> “Arrangements 1993-2023” de Nathalie Du Pasquier, du 9 mars au 27 avril 2024, à l’Hôtel des Arts TPM de Toulon.
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