Erwin Olaf n’est plus. Une maladie pulmonaire, contre laquelle il se battait depuis des années, a emporté ce mercredi 20 septembre le photographe néerlandais à l’âge de 64 ans, a annoncé le même jour la NOS, l’organisation audiovisuelle publique néerlandaise de radio et télévision. Après s’être remis d’un emphysème en 1996, et il avait récemment subi une greffe du poumon. Cet état de santé lui avait inspiré son célèbre triptyque d’autoportraits : I Am, I Wish, I Will Be (2009).
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Des cartes postale dans le monde entier
Depuis ses débuts, Erwin Olaf ses mises en scènes provocantes, étranges, marquent les esprits, dérangent. Et font du bruit : “J’ai fait ma première exposition en 1984 avec des clichés que j’avais pris lors d’un concours de bodybuilding, mais l’organisateur avait retiré deux photos parce qu’elles montraient des hommes nus. Cette histoire m’a permis de “percer”, confiait Erwin Olaf, invité d’honneur de notre numéro spécial de mai-juin 2015. « En 1985, j’ai photographié un jeune homme ouvrant une bouteille de champagne (Square, Joy) et ce cliché s’est vendu sous forme de carte postale et s’est vendu dans le monde entier. Puis j’ai monté ma propre entreprise et j’ai gagné le prix du Jeune photographe en 1998.”
Dans ce même numéro, il signait une incroyable série photo mêlant le design, la mode, et son univers singulier.
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Quand déranger devient un art
Des adolescentes parfaites patientant le regard dans le vide, des boxeurs pleins d’hématomes mais immobiles (série Hope, 2005), une fausse Lady Di en perles et à sang (Royal Blood, 2000), des jeunes femmes les yeux brillants de larmes (Grief, 2007), un triptyque d’autoportraits réaliste, fantasmé et anticipé (1985-2020)… “Je commence toujours par une scène que j’ai vue dans ma tête. Je dessine cette scène sur papier avant de penser à un faire une composition très stricte et austère. Mon côté baroque ne s’exprime que dans l’excès de la photo, pas dans sa forme. Ce mode de travail est aussi une forme de thérapie pour moi” expliquait-il encore.
L’artiste militant, qui avait à cœur de mettre à l’honneur, dans son travail, des personnes marginalisées, aussi bien des femmes que des personnes de couleurs ou LGBTQ+, s’était vu élevé pour ses soixante ans, au rang de Chevalier de l’Ordre du Lion.