En 1995, pour fêter son centenaire, Swarovski fait réaliser un musée et un parc qui célèbrent le savoir-faire de cette entreprise familiale implantée depuis ses origines dans le Tyrol, près d’Innsbrück (Autriche). Une fois passé à l’intérieur de la tête de géant conçue par l’artiste viennois André Heller, on y découvre une succession de salles où des créateurs de mode, designers et artistes ont été invités à interpréter le cristal qui est fabriqué à quelques pas, dans l’immense usine qui jouxte ce Kristallwelten… Avec 13 millions de visiteurs, c’est devenu une des principales attractions touristiques du pays.
Pour autant, les responsables du Kristallwelten ne se reposent pas sur leurs lauriers et continuent de faire intervenir la crème de la création contemporaine pour enrichir le musée. Ce lundi 27 novembre, le styliste indien Manish Arora, André Heller, l’architecte mexicain Fernando Romero et le designer Arik Levy ont levé le voile sur quatre nouvelles pièces. Epris de facettes et de brillance, ce dernier travaille de longue date avec Swarovski…
A quand remonte votre rencontre avec le groupe Swarovski ?
Je connais Nadia Swarovski [héritière directe du fondateur du groupe, elle est membre du CA et s’occupe des relations avec architectes et designers] depuis dix ans. A l’époque, elle m’avait demandé de concevoir une exposition pour le Salon de Milan. « Osmosis » s’étendait sur 900 m2 dans les réserves de la gare de la Porta Genova. Elle a adoré l’idée qu’il n’y ait pas de cristal, seulement des formes qui évoquent le travail de taille, qui est au cœur de l’ADN de l’entreprise. Ce concept a été repris en 2011 quand j’ai créé ma première pièce dans le musée. Prévue pour rester deux ans, elle est en place depuis six ans…
Comment avez-vous travaillé sur la deuxième pièce que vous venez d’investir ?
Elle se place dans la continuité de ma réflexion sur le cristal, mais avec un langage totalement différent. Je suis parti d’un parti pris fort : un monde envahi de cristal, où ce matériau s’est tant multiplié qu’il n’est plus rare, ce qui donne une autre direction à notre vie.
Quels challenges techniques cela a-t-il représenté ?
Le savoir-faire de Swarovski repose entre autres sur l’assemblage de morceaux de cristal avec une colle invisible. Dans ma première pièce, j’avais mis au défi les ingénieurs maison de sceller ensemble des énormes blocs de cristal. Dans la deuxième, j’ai voulu créer des formes complexes en collant plusieurs éléments sur un même bloc. C’était nouveau et extrêmement complexe à réaliser. L’autre challenge technique, c’était de donner l’impression que des cristaux « poussaient » sur les éléments architecturaux. Depuis mai, nous échangeons pour nous assurer du résultat…
Dans la première pièce, l’ambiance est très blanche, presque clinique… Quid de la deuxième ?
Je voulais qu’on soit quelque part… et nulle part en même temps ! La lumière y est faible. A l’intérieur, il faut se faufiler, tourner la tête pour découvrir des éléments à moitié cachés. Les enfants peuvent atteindre des zones où leurs parents ne peuvent pas aller… Ici, c’est un musée populaire, pas un lieu réservé à une élite. Les visiteurs viennent de toute la planète et c’est important que les gens comprennent la pièce instinctivement, quels que soient leur culture ou leur niveau social. La dimension humaine est au cœur de ma collaboration. J’ai hâte de voir et entendre les commentaires des premiers visiteurs, les photos sur Instagram. Le design de galerie est génial mais cette expérience populaire est totalement différente.
Est-ce que cette collaboration a permis d’ouvrir des portes dans votre travail ?
Absolument, j’ai beaucoup appris sur le travail du cristal grâce aux moyens techniques que m’a donnés Swarovski. Dans l’art et le design, c’est un matériau en plein renouveau. J’ai récemment été contacté par une Chinoise héritière d’un important groupe de minerais qui possède des immenses carrières de quartz. Je planche donc avec eux sur de nouveaux projets…
Tél. : +43 5224 510 80.