Situé au cœur des Grisons, en Suisse, le village de Vals est devenu en à peine trois décennies une destination prisée des architectes. Fondateur de l’agence SeARCH, le Néerlandais Bjarne Mastenbroek, n’échappant pas à la tendance, s’est rendu pour la première fois dans ce bourg de montagne au début des années 2000. Séduit par la magie des thermes édifiés par Peter Zumthor autant que par le charme du lieu, en bout de vallée, il va se mettre en quête d’un terrain pour y construire une résidence secondaire.
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Dans la montagne !
Depuis toujours, Bjarne Mastenbroek nourrit le fantasme d’une maison souterraine, secrète en quelque sorte. La topologie des terrains disponibles, à flanc de montagne, lui assure la configuration idéale pour réaliser son rêve tout en minimisant l’impact visuel dans un paysage que les villageois entendent bien préserver.

Avec l’aide d’un ami suisse, l’architecte Christian Müller, il parvient à acquérir en 2005 une parcelle, légèrement à l’écart de Vals. Entièrement enterré, le projet n’a besoin d’aucune demande de modification, et le permis de construire est rapidement accordé.
Au-delà de cet aspect administratif, un point crucial va décider le vendeur à lui céder son terrain : Bjarne Mastenbroek accepte de conserver intacte la vieille grange familiale en bois et en pierre qui s’y trouve, ce qu’aucun autre acheteur n’avait pu promettre, préférant tirer au maximum parti de la superficie constructible.

Sa présence renforce même chez l’architecte l’idée de maison cachée. Ainsi va-t-il s’en servir pour abriter la véritable entrée de la villa. Au premier abord, il s’agit d’une simple grange comme on en aperçoit des dizaines dans les alpages depuis le village.
Sauf qu’à l’étage inférieur, après une salle où entreposer par exemple tout le matériel de ski, un long couloir souterrain (22 mètres), se terminant par un escalier, permet de rejoindre la maison troglodytique. Là, au sortir de ce boyau en béton brut, les espaces de vie apparaissent, dans un contraste saisissant, totalement baignés par la lumière naturelle qui jaillit depuis les ouvertures vitrées.

L’habitat se déploie au sein d’une coque structurelle en béton réalisée sur place par un entrepreneur local et qui, aujourd’hui, disparaît totalement sous la terre. De l’extérieur, seul un arc de cercle parfait disposé en oblique laisse percevoir la façade, déployée derrière une terrasse, où les occupants peuvent s’attabler ou profiter d’un bain à remous.
Béton brut apparent
À l’intérieur, les espaces – d’une superficie totale de 225 m2 – sont répartis sur deux niveaux, avec, pour ce qui concerne le rez-de-chaussée, un salon, une vaste cuisine-salle à manger ainsi qu’une grande chambre à coucher avec salle de bains attenante.

L’architecte, qui a souhaité conserver le béton brut apparent, a aménagé l’ensemble à l’aide de pièces d’art et de design contemporains, notamment signées par des créateurs néerlandais, ou, à l’inverse, d’éléments en bois massif et en pierre locale (la quartzite).
À l’étage, trois autres chambres permettent d’accueillir une dizaine de personnes, en reprenant notamment la typologie des lits superposés des résidences de montagne. Il aura fallu plus de trois ans à Bjarne Mastenbroek pour finaliser la construction de la Villa Vals: à cause de l’enneigement dans la vallée, située à 1250 mètres d’altitude, on ne peut en effet construire que durant six à sept mois dans l’année.

Grâce à l’épaisseur de terre recouvrant sa structure de béton, la villa bénéficie d’une parfaite isolation thermique et phonique ; elle dispose également d’une pompe à chaleur géothermique, de sols radiants, d’un échangeur de chaleur, et utilise uniquement l’énergie hydroélectrique générée par le réservoir situé à proximité. Des qualités écologiques supplémentaires indéniables qui font de la Villa Vals une maison hors norme.
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