Comme Isabelle Adjani, on veut bien toucher le fond de la piscine si c’est dans celle-ci. Blancheur immaculée, larges baies vitrées, extérieur d’un noir de jais… Difficile de croire qu’il s’agit d’une piscine municipale. Mais si l’avant-après est saisissant, le cabinet d’architecture RAUM a misé – afin de réhabiliter et d’agrandir le bassin de Saint-Méen-le-Grand, en Bretagne – sur la conservation d’un maximum d’éléments existants.
À lire aussi : La Tour Triangle : un projet pharaonique
Une piscine monochromatique
“Ce parti-pris était notre plus grand engagement, raconte Julien Perraud, co-gérant de l’agence. Dans un contexte d’économies de ressources, il est primordial de réparer et de transformer plutôt que de tout détruire pour reconstruire. Pourtant, l’existant n’avait pas de qualité patrimoniale particulière. Le bâtiment, assez commun et édifié comme un gros pavillon, avait peu de charme.”
En témoignent les images : grande fresque enfantine, charpente vert sapin et fayence défraîchies, sans parler de la technique à refaire pour faire des économies et diminuer drastiquement le nombre de mètres cubes d’eau par baigneur. “En revanche, nous avons tiré profit de ce grand volume que nous avons pu retravailler et de la toiture en ardoise. A l’extérieur, nous avons donc utilisé un bardage noir donnant à l’ensemble un aspect monolithique monochromatique.”
Même idée à l’intérieur : les architectes ont choisi des carreaux de 12 centimètres par 12 et les font courir sur les sols, les murs et le fond du bassin et repeignent tout en blanc, rendant l’espace quasi clinique. “Nous avons traité les surfaces de façon très minimale afin de laisser la place aux frites et aux bouées colorées qui colonisent ce lieu très vivant”, continue Julien.
Le projet inclut également la construction d’un nouveau bassin relié à celui d’origine et imaginé comme une grande boîte vitrée. “Nous voulions valoriser les vues dégagées sur l’horizon et cette topographie en centre-bourg”, explique l’architecte. Un jeu de transparence qui permet aux nageurs d’apercevoir les enfants jouer au foot et les retraités en pleines parties de cartes.
Une grande boîte vitrée
“La mairie et la communauté de commune étaient très engagées dans la reconstruction de cette piscine située au cœur de Saint-Méen-le-Grand. Une démarche assez rare – la majorité préfère raser, récupérer le foncier et reconstruire ce type d’équipements aux portes de la ville – qui a porté ses fruits : le projet anime le bourg et les habitants sont fiers de cette piscine municipale qui ne ressemble à aucune autre !”, conclut Julien Perraud.
Pas étonnant qu’elle ait tapé dans l’oeil du jury du Prix d’architectures 10+1 organisé par la revue d’a, permettant au cabinet d’architecture RAUM de rafler le Grand Prix d’architecture de cette année 2023.
À lire aussi : Rencontre avec l’architecte star Kengo Kuma