L’inauguration, le 24 septembre à Washington, du National Museum of African American History and Culture, le long du National Mall, a été pour le moins significative dans l’histoire des États-Unis. Ce projet muséal remonte à de nombreuses années mais a pris forme à partir de 2009 dès lors que l’équipe d’architectes a été désignée et que le budget de construction, de 500 millions de dollars, a été entériné par la Smithsonian Institution, l’entité dont il dépend. S’il évolue au sein d’un trio, c’est néanmoins le nom de David Adjaye, citoyen britannique né en Tanzanie de parents ghanéens, qui résonne ici, d’autant qu’il a été chargé de la conception même d’un bâtiment qui fait écho à la culture africaine américaine dès le traitement du bâti.
Formé de trois volumes pyramidaux inversés, celui-ci évoque en effet une couronne de la culture yoruba dont le peuple a payé un lourd tribut au commerce des esclaves outre-Atlantique. Le bâti est par ailleurs entièrement recouvert d’une grille en bronze, placée à distance des parois obliques, une résille qui laisse passer la lumière à l’intérieur en même temps qu’elle la tamise. Son design est inspiré de motifs géométriques dessinés par les communautés noires des États du Sud. Les esclaves, une fois libres, ont souvent embrassé les métiers du travail des métaux, participant ainsi largement à la construction des grandes villes. Autant dire que le choix opéré par David Adjaye est d’autant plus audacieux qu’il s’agit là du premier bâtiment du National Mall à ne pas être construit en pierre claire ou en marbre mais dans un matériau très sombre. Autre prouesse technique, le musée se déploie largement autant sous le niveau du sol que dans les airs et peut ainsi accueillir un fonds de quelque 30 000 références qui retracent l’histoire, souvent dramatique, de cette culture métissée.
National Museum of African American History and Culture (NMAAHC). 1400 Constitution Avenue, National Mall, Washington. www.nmaahc.si.edu