Dans la déco, c’est le nouveau noir, sollicité autant par les designers que par les décorateurs. Même les frères Bouroullec, duo pourtant reconnu pour son engagement en faveur du minimalisme, l’ont adopté, dans une version soft rebaptisée « champagne », très emblématique de la tendance. Le concept ? Une finition dorée mate, déposée sur des cloches en aluminium anodisé qui forment ensemble une « chaîne » de luminaires très contemporaine.
De l’or en barre ? Si on pouvait s’attendre à du doré dans le cadre baroque de la nouvelle porte d’entrée du château de Versailles, dessinée par l’architecte Dominique Perrault, ou bien en Italie, comme chez Fratelli Boffi, qui n’hésite pas à « redorer » ses créations à l’or fin (par exemple, la chaise cannée Lui5 du designer Philippe Bestenheider), le choix des Bouroullec, en effet, peut étonner. Mais selon Amélie du Passage, fondatrice de la marque de déco Petite Friture, « les objets dorés ont cet avantage d’apporter une chaleur particulière dans un intérieur, surtout quand il s’agit de luminaires ».
Un peu de douceur dans un monde de brutes ?
D’où le lancement l’an dernier, chez Petite Friture, d’une collection entièrement dorée, dessinée cette fois par Noé Duchaufour-Lawrance. Des suspensions, appliques, lampadaires et lampes de table, au design et à la finition raffinés, « comme des voiles de laiton repliés sur eux-mêmes », s’extasie Amélie qui n’est pas la seule à craquer pour ce matériau à la connotation très années 30.
Luminaires, mais aussi mobilier, arts de la table, papeterie… à la fois chaleureux et sophistiqué, le laiton a la cote dans tous les secteurs de l’art de vivre, ce qui pousse certains à « tricher » en ayant recours à des bains de laiton ou d’autres métaux dorés afin de coller au plus près à la tendance.
Surfant sur la vague, des spécialistes du laiton, comme l’italien Ghidini 1961, ont demandé à la fine fleur du design actuel de créer des objets afin de redonner du pep à leur catalogue. Les frères Campana au Brésil, le tandem néerlandais Studio Job ou encore le designer italien Andrea Branzi ont répondu à l’appel, en s’effaçant parfois un peu derrière la noblesse du travail artisanal proposé par l’entreprise, comme le suggère la simplicité géométrique de l’étagère Incrocio (croisement, en italien), imaginée par Andrea Branzi. Un travail d’orfèvre.