Jour 3 : de S’Espalmador à Formentera
Ses Illetes s’étire dans le prolongement de S’Espalmador. C’est la toute première image qui s’offre au regard en arrivant à Formentera. Celle d’une longue plage de carte postale, propre et préservée, au sable blond et au camaïeu de bleus dignes d’un lagon polynésien. Mitxel a réservé un anneau pour son bateau dans la marina et une Méhari électrique pour partir à la découverte de cette petite île qui possède de nombreuses bornes de recharge (d’ici à 2021, seuls les véhicules électriques rouleront !), mais pas de feu de circulation ! Tout un symbole.
Ancien refuge de pirates et de corsaires, Formentera est un monde à part, discret et sauvage, et tient à le rester. Aussi singulière que fragile, la nature y est reine, à l’image des prairies de posidonies qui tapissent les fonds marins et filtrent les eaux, du parc naturel de Ses Salines ou des vastes champs d’oliviers et de figuiers. Ici, pas d’urbanisation à outrance ni de temples pour clubbeurs. Le mode de vie se veut chic et bohème à la fois. Il n’est pas rare de croiser un couple de milliardaires flâner sur un marché hippy ou une star d’Hollywood siroter un cocktail dans un bar de plage fait de bric et de broc.
Formentera s’étend sur seulement 19 km, une route centrale reliant les principaux spots : le village de Sant Francesc Xavier et ses coquettes maisons peintes à la chaux, le port de pêche d’Es Caló de Sant Agustí avec ses varaderos (hangars à barques), le Molì Vell de la Mola (le moulin à vent) et le phare perché à 200 mètres, au sommet des falaises. Avec une spectaculaire vue plongeante sur la Méditerranée…
Jour 4 : de Formentera à Eivissa (Ibiza ville)
Au petit matin, retour à Ibiza, mais par sa façade sud. Toutes voiles dehors, notre Mekatxis rejoint rapidement Cala Jondal, où un immense yacht de plus de 60 mètres et un deux-mâts tout aussi grand sont au mouillage. Il va falloir patienter. Pas moyen de mettre le cap à l’est pour franchir la pointe de la Rama : le vent souffle fort. Quelques plongeons depuis le bateau occupent le temps de la plus belle des manières. En ce début d’été, l’eau est parfaite, autour de 23 °C, même au large.
Plus tard, devant la plage de Ses Salines, notre kayak est mis à l’eau pour la première fois. Les conditions s’y prêtent : une mer d’huile, un soleil généreux et une douce brise. L’étape suivante est très attendue : c’est l’approche d’Eivissa, la capitale (parfois appelée Ibiza ville), qui porte le même nom que l’île en catalan. Des jumelles permettent d’en distinguer nettement les remparts, les ruines du château et la cathédrale qui surplombent la partie médiévale de la cité, Dalt Vila, classée au patrimoine mondial.
Mekatxis fend les eaux jusqu’au pied de la colline, puis se faufile entre les ferrys. À bâbord : Sa Penya, l’ancien quartier des pêcheurs, ses maisons colorées et ses terrasses bondées. À tribord : la marina, riche de somptueux catamarans, mégayachts et vieux gréements. Mitxel ne se laisse pas déconcentrer et trouve vite l’anneau réservé à Mekatxis. La journée et la croisière s’achèvent ici par une soirée sur les quais animés, à mille lieues de l’ambiance si calme et hors du temps de ces quatre derniers jours sur le voilier. Fin de la parenthèse enchantée, retour à la réalité.