Cette prestigieuse propriété, premier grand cru classé de Pauillac, dont Louis XV aimait déjà le vin – on l’appelait alors « le vin du roi » –, s’étend sur 178 hectares, dont 103 de vignes. Éric de Rothschild, en vrai précurseur, demanda en 1986 à Ricardo Bofill de créer son nouveau chai. Inauguré en 1988, il est le plus ancien de tous et annonce alors l’avènement de cette « folie » des chais. Destiné à l’élevage des vins de seconde année, il a pour caractéristique principale sa forme octogonale très originale (50 mètres de diamètre) dont la voûte repose sur 16 colonnes soutenant une toile d’araignée de poutres. Ici, et c’est bien là l’immense originalité, les 2 200 barriques ne sont pas alignées mais organisées en cercles concentriques sur trois niveaux de gradins encadrant un hall, telle une scène de théâtre ou une arène. L’idée qui a présidé à sa conception était de faciliter le travail des ouvriers et d’éviter trop de manipulations des barriques. « Du fait de ses dimensions exceptionnelles, cette salle pour le vin est devenue un espace noble, une crypte, la chambre secrète du paysage des collines de Pauillac », souligne l’architecte. Le lieu est relié aux caves et au chai de première année par un tunnel qui donne aussi accès au bâtiment où est réalisée la mise en bouteille. L’ensemble de béton armé affiche une couleur gris perle. À l’extérieur, ce chai futuriste ne vient pas troubler le paysage : seule une tranchée à flanc de colline marque l’accès à cet espace souterrain.