Biennale Interieur de Courtrai : De l’arty au produit
Jusqu’au 23 octobre, la Biennale Interieur 2016 de Courtrai (Belgique), distille entre culture et business, le juste équilibre qui fait son originalité. Dans les allées de cette 25e édition, l’esprit glisse sans heurts d’une exposition conceptuelle aux dernières nouveautés d’un éditeur de design industriel.
Pas l’ombre d’un pied Louis XIII dans toute la Biennale ! La manifestation étonne toujours pour ce qu’elle révèle de la familiarité des Belges avec la modernité. On dit bien la modernité, pas le contemporain. Encore que dans cette 25e édition, certaines expositions n’auraient pas fait tache au Palais de Tokyo. Les curateurs et scénographes de cette biennale sont de jeunes architectes belges, Kersten Geers et David van Severen. En collaboration avec l’artiste-architecte Richard Venlet et le graphiste Joris Kritis, ils ont réussi leur coup : rapprocher la culture du design de celle des exposants et visiteurs de tous horizons.
Leur idée a été de semer de l’intelligence et de la culture un peu partout dans la Biennale et ce, sous forme d‘intérieurs. Ces sas de culture n’étaient jamais des panic rooms arides pour initiés ni des versions dépréciées d’expositions pseudo artistiques. Les quatre galeries de design présentes, Maniera, Etage Projects, Galllery Valérie Traan et Carwan Gallery, étaient lisibles sans faire de pédagogie démonstrative non plus. Les thèmes autour desquels leurs pièces étaient réunies se révélaient souvent digestes pour des non initiés. C’est comme si la part culturelle de la Biennale répondait à deux questions : Qui a dit que le contemporain devait être obscur ? Qui a dit que le contemporain devait être fun ? Les curateurs ont peut être réuni les bonnes personnes et les bonnes idées au bon endroit !
En dehors des galeries, des projets de jeunes designers et d’une intéressante revue de nouveautés 2016, un éditeur industriel comme l’Italien Nemo montrait aussi bien ses nouvelles lampes que sa lumineuse exposition consacrée à Charlotte Perriand et le Corbusier. Le format même de la Biennale, à taille humaine, permet souvent aussi de mieux appréhender, parfois d’un coup d’œil, l’univers de tel ou tel acteur. Vous pouvez découvrir chez Amélie du Passage de Petite Friture quelque chose que vous avez en fait raté avant, saturation oblige.
En parlant de « vous », il faut savoir que le public non professionnel est le bienvenu à Courtrai. Occasion de découvrir aussi, ne serait-ce qu’à travers l’exposition du projet architectural Solo House, le lien entre le design et l’espace. Autre particularité, à la Biennale Interieur, bars et restaurants éphémères sont souvent signés de designers et d’architectes. A Courtrai, c’est comme si on voyait le design partout. Mais le design est partout !