Comment les designers français vont réinventer la ville

Joran Briand, Mathieu Lehanneur, Matali Crasset... Le Pavillon de l'Arsenal accueillait ce mardi 14 novembre une dizaine d'éminents designers venus livrer leur vision du design dans la ville. IDEAT était là et vous livre l'essentiel d'une conférence passionnante.

Baptisée Faire Design, cette matinée de « conférences autour du design dans la ville » réunissait la fine fleur du design français au sein du Pavillon de l’Arsenal. Un événement organisé par le designer et théoricien Jean-Louis Frechin, à la tête du cabinet Nodesign, pour mieux réfléchir à la diversité des initiatives actuelles et à venir.

La « façade Steel » de Joran Briand se déploie sur plus de 30 000 m2 pour habiller un pôle commercial qui ouvrira ses portes à Saint-Etienne en 2018.
La « façade Steel » de Joran Briand se déploie sur plus de 30 000 m2 pour habiller un pôle commercial qui ouvrira ses portes à Saint-Etienne en 2018. Studio Joran Briand et Associés

Des façades en résille de Joran Briand aux terrasses modulables de Ramy Fischler pour un immeuble « mutable », les designers participent de plus en plus à l’architecture et l’urbanisme de nos villes. Entre les deux disciplines, les frontières s’estompent. Notamment avec l’Atelier Ciguë, seule agence d’architecture invitée à l’événement. Et pour cause, ses membres s’essayent au mobilier depuis leurs études, motivés par l’envie de réaliser leurs propres prototypes.

L’immeuble « Sot L’y Laisse » , aux terrasses et balcons imaginés par Ramy Fischler pour s’adapter aux usages des habitants. Concours Réinventer Paris, site Eole Evangile, 2015.
L’immeuble « Sot L’y Laisse » , aux terrasses et balcons imaginés par Ramy Fischler pour s’adapter aux usages des habitants. Concours Réinventer Paris, site Eole Evangile, 2015. RF Studio

À une plus petite échelle, Mathieu Lehanneur prône une poésie de l’espace public. Son Escale Numérique, qui aurait très bien pu se résumer à une bête antenne Wi-Fi, est devenue « un jardin posé sur quelques troncs », un espace de détente et de rencontre. Une générosité également au cœur du Common Stove de Matali Crasset. Détournés en bancs, les poêles traditionnels slovènes protègent les habitants du froid et réchauffent le thé tandis le pain termine sa cuisson dans un four intégré.

L’« Escale Numérique » de Mathieu Lehanneur, installée sur les Champs-Elysées depuis 2012.
L’« Escale Numérique » de Mathieu Lehanneur, installée sur les Champs-Elysées depuis 2012. Mathieu Lehanneur
Le « Common Stove » de Matali Crasset, imaginé à l’occasion de la 25e biennale de design de Ljubljana (2017).
Le « Common Stove » de Matali Crasset, imaginé à l’occasion de la 25e biennale de design de Ljubljana (2017). Matalie Crasset

Designer graphique, Geoffrey Dorne présentait Hacker Citizen, un ouvrage consacré à 50 manières de se réapproprier notre environnement. Il a recensé des initiatives spontanées, comme ces bibliothèques qui fleurissent dans les cabines téléphoniques, mais aussi high-tech avec une capuche émettrice d’ondes infrarouges pour brouiller les images des caméras de surveillance.

« C5S Ekovore », le composteur collectif de quartier imaginé par les Nantais de Faltazi (2013).
« C5S Ekovore », le composteur collectif de quartier imaginé par les Nantais de Faltazi (2013). Faltazi

Enjeu indéniable de notre avenir, la problématique écologique est au cœur des réflexions sur la ville de demain. Sous la forme d’un composteur collectif conçu par les designers de Faltazi ou à travers les dispositifs d’Isabelle Daëron : entre une fontaine à eau potable récupérant l’eau de pluie et un collecteur de feuilles qui utilise le vent, la designer s’attache à travailler avec les « flux de la nature ».

La fontaine « Topique-water » d’Isabelle Daëron collecte et filtre l’eau de pluie (2009).
La fontaine « Topique-water » d’Isabelle Daëron collecte et filtre l’eau de pluie (2009). isabelle daëron

Des propositions aussi nombreuses que variées qui, du propre aveu de Mathieu Lehanneur, « ne résoudront jamais à elle seules les problèmes de pollution, de bruit ou encore de sécurité » mais qui, à défaut, pourront déjà « influencer notre comportement » pour reconsidérer notre environnement et lui porter une meilleure attention.