Baptisée Faire Design, cette matinée de « conférences autour du design dans la ville » réunissait la fine fleur du design français au sein du Pavillon de l’Arsenal. Un événement organisé par le designer et théoricien Jean-Louis Frechin, à la tête du cabinet Nodesign, pour mieux réfléchir à la diversité des initiatives actuelles et à venir.
Des façades en résille de Joran Briand aux terrasses modulables de Ramy Fischler pour un immeuble « mutable », les designers participent de plus en plus à l’architecture et l’urbanisme de nos villes. Entre les deux disciplines, les frontières s’estompent. Notamment avec l’Atelier Ciguë, seule agence d’architecture invitée à l’événement. Et pour cause, ses membres s’essayent au mobilier depuis leurs études, motivés par l’envie de réaliser leurs propres prototypes.
À une plus petite échelle, Mathieu Lehanneur prône une poésie de l’espace public. Son Escale Numérique, qui aurait très bien pu se résumer à une bête antenne Wi-Fi, est devenue « un jardin posé sur quelques troncs », un espace de détente et de rencontre. Une générosité également au cœur du Common Stove de Matali Crasset. Détournés en bancs, les poêles traditionnels slovènes protègent les habitants du froid et réchauffent le thé tandis le pain termine sa cuisson dans un four intégré.
Designer graphique, Geoffrey Dorne présentait Hacker Citizen, un ouvrage consacré à 50 manières de se réapproprier notre environnement. Il a recensé des initiatives spontanées, comme ces bibliothèques qui fleurissent dans les cabines téléphoniques, mais aussi high-tech avec une capuche émettrice d’ondes infrarouges pour brouiller les images des caméras de surveillance.
Enjeu indéniable de notre avenir, la problématique écologique est au cœur des réflexions sur la ville de demain. Sous la forme d’un composteur collectif conçu par les designers de Faltazi ou à travers les dispositifs d’Isabelle Daëron : entre une fontaine à eau potable récupérant l’eau de pluie et un collecteur de feuilles qui utilise le vent, la designer s’attache à travailler avec les « flux de la nature ».
Des propositions aussi nombreuses que variées qui, du propre aveu de Mathieu Lehanneur, « ne résoudront jamais à elle seules les problèmes de pollution, de bruit ou encore de sécurité » mais qui, à défaut, pourront déjà « influencer notre comportement » pour reconsidérer notre environnement et lui porter une meilleure attention.