Amélie du Chalard
Amélie du Chalard, 33 ans, fait partie de ces nouvelles actrices du design qui ouvrent des lieux à leur mesure, zappant les formats attendus. La maison d’art Amélie ressemble à son propre appartement, tant elle reflète sa personnalité. Son Art Room parisienne, rue Clauzel (IXe), s’étend sur deux étages d’une surface totale de 230 m2. Tableaux, mobilier de designers, œuvres d’art, c’est son endroit : elle ne s’y aligne sur aucun style. À côté de cet espace d’exposition, une Mini Room présente les objets comme dans une boutique ouverte en permanence. L’ex-banquière avait remarqué autour d’elle que les galeries d’art intimidaient. D’où l’idée de jouer les chaînons manquants entre la création et les gens. Cette amatrice d’art abstrait fourmille de projets, parmi lesquels hôtels et maisons d’hôtes. Elle fait partie de ceux par qui l’art afflue dans les espaces publics, sans être au grand jamais accessoire.
Lucie Koldova
Lucie Koldova, 37 ans, promesse du début des années 2010, vient encore de remporter des prix en République tchèque. Mais c’est à Paris qu’elle a créé Muffins et Balloons, qui l’ont fait connaître, des lampes de verre joufflues éditées par Brokis, dont elle est depuis six ans la directrice artistique. À Prague, elle conçoit aujourd’hui du mobilier, des sculptures de verre et des luminaires, sa spécialité. Il n’y a pas plus proche des ateliers que cette exigeante dénicheuse de matériaux. Ce qui lui permet de s’aventurer ensuite sur le terrain des proportions inhabituelles et des associations inédites de couleurs de verre. Explorant volontiers d’autres territoires que le luminaire, la designer collabore avec des éditeurs du monde entier, en toute discrétion mais avec un talent remarqué.
Dorothée Meilichzon
Restaurants et hôtels, de Paris à Venise en passant par Minorque, les lieux signés Chzon, le studio d’architecture intérieure de Dorothée Meilichzon, sont des invitations au voyage et au partage. L’ancienne étudiante du Strate College en France, passée ensuite par la Rhode Island School of Design aux États-Unis, livre aujourd’hui des projets très en vue, comme Il Palazzo Experimental, dans un ancien palais à Venise, ou son cousin de Minorque, serti dans une finca (corps de ferme local) 1900. Faire vivre des espaces de convivialité est un art qu’elle conjugue avec une application qui ne cède ni au kitsch ambiant ni à l’austérité supposée chic. Celle qui fut autrefois stagiaire chez le géant du jouet Hasbro joue aujourd’hui sur du velours.
Olivia Putman
À la tête du studio d’architecture intérieure fondé par sa mère, Andrée, en 1978, Olivia Putman, 55 ans, affirme volontiers avec humour que le club Le Palace fut son université. Dès l’adolescence, elle et son frère, Cyrille, ont croisé des artistes comme Jean-Michel Basquiat. Fille du collectionneur, éditeur et critique d’art Jacques Putman, elle a étudié l’histoire de l’art à la Sorbonne puis a décidé de se consacrer aux lieux à réhabiliter en ateliers d’artiste et aux jardins. Initiée par son ami Christian Louboutin, elle a eu pour mentors Jean-Paul Ganem, Patrick Blanc et Louis Benech avant de fonder sa propre agence de paysagisme. En 2007, sa mère l’appelle à ses côtés, avec son frère. Résidences privées, immeubles, hôtels ou collections d’objets, ce qu’elle et son équipe poursuivent aujourd’hui, c’est un esprit dont elle connaît parfaitement les références.
Studiopepe
Avec la création à Milan, en 2006, de Studiopepe, Arianna Lelli Mami (en bas), 45 ans, et Chiara Di Pinto (en haut), 44 ans, incarnaient le studio de design multidisciplinaire entre art, design et mode. La source coule toujours : du mobilier chez &Tradition, La Chance ou Menu, des vases chez Spotti Milano ou des tapis chez CC-tapis, mais aussi des showrooms et des installations d’anthologie. Elles reboostent l’image des grandes marques avec, notamment, des scénographies vibrantes où s’exprime souvent un sens habile des jeux de couleurs. Pour ce portrait, elles ont choisi de s’inspirer de l’œuvre de l’artiste portugaise Helena Almeida, qui a fait de son corps le support de son œuvre. « En ces temps difficiles, il est intéressant de se pencher sur le corps féminin, non seulement dans le domaine de l’art mais aussi au sein de la société », expliquent-elles.
Sandra Benhamou
Après dix années de production cinématographique chez Miramax, à New York, Sandra Benhamou est venue conquérir Paris. Et il n’était pas de meilleure carte de visite pour cette architecte d’intérieur que sa propre maison dans les Hamptons. Dans un hôtel cinq étoiles à Dinard comme dans un appartement à Londres, les pièces de mobilier les plus cultes dialoguent entre elles. Et ne comptez pas sur cette quadragénaire pour les intérieurs au chic glacé. Elle aime le verre opulent, l’art contemporain, les photographies sensibles, les fleurs et, surtout, les mélanges. Elle essaie toujours, ne se dit pas : « Faisons quelque chose dans le goût d’untel. » Son refus de l’austérité ne l’empêche pas d’être éprise de modernité, notamment italienne, de Gio Ponti à Carlo Scarpa. Le style de Sandra Benhamou, c’est tout ce qui est vivant.