La première chaise à structure pliante est comme « née sous X » dans l’Antiquité : des exemplaires ont été découverts dans des tombes égyptiennes, ou chez les Grecs et les Romains. En 1886, le businessman anglais John Thomas Moore eut le flair de faire breveter un modèle repliable en un tour de main, un geste essentiel pour répondre aux caprices de la météo britannique. Mais il faut attendre le début du XXe siècle et l’âge d’or des traversées transatlantiques sur paquebots, puis l’avènement des congés payés démocratisant de façon plus large l’oisiveté, pour que les deck chairs, rebaptisés transats, entrent dans le vocabulaire et dans l’histoire du design.
Le transat figure en effet au panthéon du design grâce aux modèles modernistes du même nom, à structure tubulaire, dans la plus pure tradition Bauhaus, dessinés dans les années 20 par Robert Mallet‑Stevens pour la Villa Noailles, et par Eileen Gray pour sa villa E-1027, à Roquebrune‑Cap‑Martin. Deux paquebots architecturaux, soit dit en passant. Se distinguant radicalement du classicisme et, surtout, de l’élitisme de ses alter ego menant une vie de château (méridienne, récamier, duchesse brisée…), la chaise longue de base qu’est la populaire chilienne peut aisément être considérée comme un parfait exemple d’assise open‑source. Pourquoi ? Parce qu’elle est fort facile à réaliser pour tout bricoleur qui se respecte : cadre en bois articulé constitué de trois parties qui s’emboîtent pour permettre un pliage à plat et trois ou quatre crans pour régler l’inclinaison du dossier en toile tendue. En accrochant un hamac sur la structure en métal laqué de sa chaise Rede, le designer brésilien Maurício Arruda nous rappelle que certains historiens considèrent que la chaise longue pourrait bien avoir été inspirée par les hamacs dans lesquels dormaient les marins avant que les bannettes ne les remplacent. Une certitude : elle invite au voyage slow life, que l’on aime tant à l’approche des vacances !