Maîtres méconnus du design US
Jusqu’au 10 mars, la galerie parisienne Alexandre Guillemain expose à Paris une sélection de mobilier vintage US exceptionnelle. Soit une cinquantaine de pièces couvrant la période entre 1950 et 1970. Que du design de stars : Isamu Noguchi, Paul Evans, George Nakashima, George Nelson…
L’intérêt de l’exposition est double. Baptisée « American Masters », elle n’oublie pas ceux restés dans l’ombre. Le galeriste Alexandre Guillemain exhume littéralement Bertha Schaeffer, Claude Conover, Curtis & Jere et bien d’autres. Le côté décor de la série Mad Men vient vite à l’esprit. A la réserve près que les pièces sélectionnées par Alexandre Guillemain vont plus loin. Sur son stand du marché Paul-Bert-Serpette, les meubles anonymes suggèrent toute une époque. L’autre plaisir est de voir comment chez ce genre d’antiquaires, il suffit de deux fauteuils pour influer sur l’espace comme un architecte d’intérieur.
Au-delà du design, l’exposition est aussi culturelle. Elle fait voir dans sa générosité ce que le design américain doit au Bauhaus et au modernisme européen. Certains Américains aiment dire en plaisantant que le style américain, c’est le style européen en plus grand. Cette exposition en apporte la preuve !
L’exposition est culturelle parce qu’on peut y lire en filigrane l’air du temps de l’Amérique des Trente glorieuses. Dans cette sélection de mobilier, impossible de ne pas ressentir la même assurance conquérante et prospère que dégagent les gratte-ciel de Mies van der Rohe ou Philip Johnson. A cette époque, même une simple chaise de bureau était solidement fabriquée. On ne mégotait pas sur l’aluminium ou l’acier ! Néanmoins, ce mobilier reflet d’un pays fort de sa puissance industrielle n’avait rien de balourd.
« American Masters, design 1950-70’s » à la galerie Alexandre Guillemain. 21, rue Visconti, 75006 Paris. Du 23 février au 10 mars.
Un univers d’acier inoxydable
On ne dira jamais assez à quel point certains antiquaires ont dépoussiéré l’accès aux trésors qu’ils mettent en avant. Au rayon des designers français inconnus, les jeunes antiquaires Alexandre Goult et Guilhem Faget remettent en circulation le nom de Xavier Féal.
Dans sa galerie de la rue Mazarine, le duo d’antiquaires s’y colle avec courage. Parce que Xavier Féal s’est illustré en France avec un univers domestique à base d’acier inoxydable. Tel était le design sélect des années Pompidou, de 1969 à 1974, ambiance DS 21 et col roulé blanc. Des sièges, des tables, des luminaires, des bibliothèques et des objets décoratifs : sa production est courte mais diverse.
En France, ce n’est qu’au début des sixties que des designers comme Maria Pergay ou Joseph-André Motte s’intéressent à ce matériau, alors qu’il est produit depuis la Première Guerre mondiale.
Xavier Féal est d’autant plus paradoxal que son nom est un pseudonyme. Cet architecte, designer et décorateur passé par l’Ecole Boulle entamera par la suite, après 1975 et sous son vrai nom, une carrière de designer dans la mécanique de précision. Mais ne l’a-t-il jamais quittée ?
> « Xavier Féal, Mobiliers et luminaires » à la galerie Meubles et Lumières. 58, rue Mazarine, 75006 Paris. Du 3 mars au 15 avril.
> Et au Pavillon des Arts et du Design (PAD) Paris, du 22 au 26 mars aux Tuileries.