Design Parade Hyères 2025 : Dix talents réinventent le passé pour un quotidien apaisé

Cette année, les éditions hyéroise (design) et toulonnaise (architecture intérieure) de Design Parade célèbrent chacune dix finalistes semblant se rejoindre sur une traduction contemporaine du passé. Au travers de leurs projets, ils apportent des solutions pour un quotidien plus apaisé.

À l’occasion de Design Parade Hyères 2025, cette sélection met en lumière de jeunes designers qui explorent et réinventent les usages, les matériaux et les formes. Leurs projets, entre héritage et innovation, esquissent un portrait du design contemporain.


À lire aussi : Tendance playful : à la recherche d’un design qui rend heureux


1 – Tension Connection

Johan Thun

Diplômé de la Design Academy d’Eindhoven en 2024, Johan Thun se concentre sur la recherche et l’expérimentation d’une part, puis sur la construction d’autre part. Il concrétise des projets conceptuels en des créations tangibles et explicites, où il explore les propriétés, l’histoire et la communication des matériaux.

Le projet « Tension Connection » de Johan Thun.
Le projet « Tension Connection » de Johan Thun. DR

L’alternance entre les détails à petite échelle et les contextes industriels, sociaux et géographiques plus vastes constitue le fondement et l’inspiration de son travail de design. Tension Connection s’appuie sur l’héritage du bois en réinventant ses assemblages traditionnels, dépourvus de vis ou de colle. Une structure autoportante de composants de bois maintenue par la tension et la gravité. Cette interprétation contemporaine de la menuiserie apporte une approche innovante de la construction mono-matériau.


2 – Osoji

Célia Fabry

Diplômée de l’école Camondo en architecture intérieure et design, Célia Fabry est designeuse. Dans ses créations, elle explore les notions de lenteur, d’usage et de simplicité, en s’attachant à conjuguer élégance et ergonomie. La collection de brosses en lin et en céramique « Osoji » est inspirée de la coutume japonaise du même nom.

Le projet « Osoji » de Célia Fabry.
Le projet « Osoji » de Célia Fabry. DR

Le principe est simple : dépoussiérer son intérieur pour mettre derrière soi les regrets et les expériences négatives, et ainsi prendre un nouveau départ. Souvent banalisée, la brosse est un objet d’entretien essentiel à nos espaces domestiques : elle les régénère et les assainit. « Osoji » invite à ralentir, à renouer un lien fort aux objets qui nous entourent, et à réfléchir sur notre façon d’habiter le monde.


3 – Fetishmorphy

Štefan Sekác

Štefan Sekác est diplômé du département d’arts appliqués de l’atelier de céramique de l’Académie des beaux-arts de Bratislava, en Slovaquie. En 2018, il remporte le grand prix de la Bratislava Design Week pour son mémoire de fin d’études.

Le projet « Fetishmorphy » de Štefan Sekác.
Le projet « Fetishmorphy » de Štefan Sekác. DR

Son travail est orienté vers l’expérimentation créative, dans un élan de critique des tendances, des phénomènes sociologiques et « pop » culturels et du commerce contemporain, se positionnant en tant qu’observateur et commentateur. Sa collection de vases Fetishmorphy symbolise des ballons de baudruche, un élément important puisque la surface brillante de cet objet a la capacité de refléter, répondant ainsi à nos intérêts narcissiques.


4 – Queering Bathrooms, Pierced et Peach

Gregor Jahner

Gregor Jahner explore la signification du design queer, interrogeant ses tensions sociétales, politiques et s’intéressant à sa visibilité et ses pratiques. Celle de ce Berlinois englobe le design conceptuel et critique, intégrant et explorant la perspective politique corporelle, l’intimité et la futilité des normes sociales dans le design.

Le projet « Queering Bathrooms, Pierced et Peach » de Gregor Jahner.
Le projet « Queering Bathrooms, Pierced et Peach » de Gregor Jahner. Gregor Jahner

Son travail déconstruit avec humour des conventions apparemment évidentes, visant à signaler un changement radical de pouvoir. Gregor présente trois projets dans le cadre du festival : les toilettes Queering Bathrooms, le tabouret Pierced (photo) et la lampe Peach, des objets domestiques conçus de façon non conventionnelle et ambiguë.


5 – Paraform

Louis Chevalier

Diplômé de l’École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne, Louis Chevalier développe une pratique de design d’auteur. S’inspirant des formes issues de la production industrielle, il fait dialoguer fabrications mécanique et manuelle, replaçant ainsi l’artisan au cœur de la création.

Le projet « Paraform » de Louis Chevalier.
Le projet « Paraform » de Louis Chevalier. DR

Pour son projet Paraform, il retient de l’industrie sa rigueur formelle et de l’artisanat sa richesse du façonnage manuel. Une poutre utilisée en construction est ici réinterprétée en bois pour former un banc. Au-dessus, une suspension en Plexiglas – évoquant une extrusion industrielle – flotte dans l’espace. Ces deux volumes dialoguent en créant un environnement contrasté, entre brut et raffiné.


6 – Ornamental Folds et Bohemian Crystal

Marie Kolárová et Myeonga Seo

Familiar Form est un studio de design basé aux Pays-Bas, dirigé par la Tchèque Marie Kolárová et la Coréenne Myeonga Seo, diplômées de la Design Academy d’Eindhoven en 2024. La première, dotée d’un sens de la narration visuelle, a suivi une formation en graphisme. La seconde est passionnée par les matériaux, les structures et les techniques artisanales.

Le projet « Ornamental Folds et Bohemian Crystal » de Marie Kolárová et Myeonga Seo.
Le projet « Ornamental Folds et Bohemian Crystal » de Marie Kolárová et Myeonga Seo. DR

Ensemble, elles pratiquent de manière ludique une philosophie du design s’articulant autour de la réinvention d’objets domestiques, comme avec leur projet Ornamental Folds, qui explore une nouvelle méthode de fabrication de meubles en tôle. Bohemian Crystal (photo) réinvente l’art verrier en réutilisant des chutes de verre pour créer une collection de vases gigognes. Le duo souhaite préserver cet héritage culturel et l’adapter à une nouvelle génération qui valorise le développement durable et l’art.


7 – Bouillottes

Marie Piplard et Kelly Eng

Entre curiosité et obsession, le studio Engpiplard se donne à collecter les objets et outils du passé pour interroger leurs singularités. Diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris (ENSAD), le duo de designers est basé à Cachan (94). Kelly et Marie explorent quatre typologies de « Bouillottes » sondant le lien entre la matière et ses propriétés techniques : une bouillotte de sable, une bouillotte sèche, une bouillotte à eau et une brique chauffante.

Le projet « Bouillottes » de Marie Piplard et Kelly Eng.
Le projet « Bouillottes » de Marie Piplard et Kelly Eng. DR

Traditionnel et réconfortant, cet outil réintroduit dans notre quotidien redéfinirait un système de chauffage doux, en limitant les dispositifs énergivores. Les bouillottes deviennent les protagonistes d’un récit visuel et sensoriel, qui réactive un lien organique entre l’humain et son environnement.


8 – Stanza

Bruno Pauli Caldas et Massimo Scheidegger

Bruno Pauli Caldas et Massimo Scheidegger se sont rencontrés à l’ÉCAL, en Suisse, et ont fondé le studio de mobilier et de luminaires Scheidegger Pauli en 2023, entre Lausanne et Cologne. Leur pratique s’inspire des avancées technologiques et favorise la compréhension culturelle des objets, des matériaux et de leur processus.

Le projet « Stanza » de Bruno Pauli Caldas et Massimo Scheidegger.
Le projet « Stanza » de Bruno Pauli Caldas et Massimo Scheidegger. DR

Stanza est un séparateur d’espace composé d’un textile occultant et d’un piétement à roulettes, qui permet à l’utilisateur de définir son espace selon ses besoins. Créant de nouvelles configurations spatiales par le simple geste de tirer un rideau, l’objet répond aux besoins actuels d’agencements plus flexibles.


9 – UFO – Unindustrial Functional Object

Simon Dupety

Nîmois, Simon Dupety a étudié à l’Ensaama Olivier de Serres en design produit puis aux Arts-Déco. Il crée le studio de design Simon+ en 2021. Curieux sur la provenance et la fabrication de ce qui nous entoure, il propose des objets hybrides qui mêlent savoir-faire, matières industrielles et ressources naturelles, dans une volonté de remettre en question notre rapport à la consommation.

Le projet « UFO – Unindustrial Functional Object » de Simon Dupety.
Le projet « UFO – Unindustrial Functional Object » de Simon Dupety. DR

La série de luminaires UFO – Unindustrial Functional Object explore une tension mystérieuse entre le brut et l’industriel, le vivant et la technique. Des éléments naturels récoltés dialoguent avec de l’aluminium tout en conservant leur singularité au sein d’objets fonctionnels.


10 – Pshipshit

Lucas Sabatier

Formé à l’ENSAV La Cambre, en Belgique, Lucas Sabatier est fasciné par les objets et le rapport que nous entretenons avec eux. Ici, l’ambition est de diminuer la pénibilité des tâches ménagères, à la fois pour l’emploi intensif des professionnels et pour l’usage domestique.

Le projet « Pshipshit » de Lucas Sabatier.
Le projet « Pshipshit » de Lucas Sabatier. DR

Pshipshit est une gamme de pulvérisateurs à gâchette optimisée. Le designer aime repenser les objets modestes du quotidien dont la production industrielle permet une large diffusion auprès de tous les utilisateurs.


À lire aussi : Qui est Willie Morlon, ce génie du placo qui a ébloui Design Parade ?