En plein centre de Mumbai, la mégapole indienne, il est très facile, même dès le premier jour de son arrivée, d’aller voir les deux expositions du moment sur le design indien. Les deux manifestations se font face, à quelques minutes de la monumentale Porte de l’Inde, du très chic hôtel Taj et de la joaillerie Niram Modi designée par Jaime Hayon.
Le premier volet de l’exposition Objects through time (Les objets à travers le temps), jusqu’au 8 janvier se déroule au CSMVS, Chhatrapati Shivaji Maharaj Vastu Sangrahalaya, encore tout aussi connu sous son ancien nom de musée du Prince de Galles. L’exposition est un voyage érudit à travers les objets et les matériaux les plus iconiques du quotidien indien. Qu’il s’agisse d’ustensiles de cuisine, dont le fameux tiffin (lunch box de métal livrée à l’heure pile au bureau depuis la maison et ce, à des millions d’exemplaires) mais aussi de sièges, reflets des savoir-faire locaux aussi bien que de l’influence française, anglaise ou allemande, l’exposition abonde en scenarii d’objets, du verrou Godrej aux peintures Asian Paint.
Chacun de ces produits connus de millions d’Indiens, narre en creux un peu de l’histoire de l’Inde. L’exposition s’étend ainsi sur une vaste période d’environ 150 ans. Elle parle d’avant l’indépendance en 1947 pour finir par nous raconter le design d’aujourd’hui. (Exposition ouverte tous les jours de 10 à 18 h.)
A quelques mètres en face, jusqu’au 22 janvier, au Goethe Institut situé dans la Gallery Max Mueller Bhavan, le second volet de l’exposition est intitulé Ideas through time (les idées à travers le temps). Il met l’accent sur 8 concepts de l’Inde ancienne qui notamment en termes de création sont jugés toujours pertinents par Divya Thakur, la curatrice des deux évènements. Designer et galeriste, à l’origine de la boutique Design temple, tout près de l’hôtel Taj, elle est sensible à l’idée selon laquelle certains concepts élaborés dans l’Inde ancienne, influencent des principes d’éducation, de formation et surtout de création.
En planchant sur ces deux expositions, elle s’est mise à lancer d’intéressantes passerelles entre les disciplines à travers l’histoire. Ce qui offre une excellente occasion de découvrir à travers l’exemple indien une autre approche du design. On apprécie que Divya Thakur ne fasse absolument pas de l’opacité des propos le critère d’intérêt scientifique de son travail de curatrice. Le propos est dense, la complexité pas évacuée mais décortiquée, pour le néophyte indien ou étranger. Il faut dire que Divya Thakur fonctionne un peu comme un catalyseur du design. Les débats qu’elles organisent chez Design Temple avec des acteurs du design indien entourés d’amateurs de design sont ensuite diffusés sur You Tube.
En sortant, flânerie obligatoire, avec ou sans adresse, vous êtes au cœur d’un monde total qui passe sans crier gare du bricolé au high tech, et qui fait de la vie la plus quotidienne une interpellation avec un élément de design jamais très loin.