Dans le secteur du design, la contrefaçon est désormais une réalité avec laquelle il faut composer. Aux Puces du design cette année, l’exposition de chaises contrefaites, enrubannées de scotch rouge et estampillées « copies originales » a interloqué les visiteurs. L’idée émane du groupement Unifab, qui défend la propriété intellectuelle, associé aux 5.5 designers et attirait l’attention sur un phénomène qui mine un marché où les marges demeurent basses pour la plupart des fabricants. Selon ces derniers, les ventes de copies sur internet peuvent réaliser jusqu’à 10 fois celles des originaux ! Un état de fait qui inquiète et frustre les professionnels, designers et éditeurs en tête.
Avec la redécouverte du mobilier du XXe siècle, de ses modèles mythiques et de ses créateurs stars, les pièces vintage s’arrachent à prix d’or. L’envolée de la cote des grands designers a favorisé les arnaques en tout genre, un phénomène démultiplié par le passage d’une contrefaçon artisanale à une industrie hautement rémunératrice… Sur la Toile, des annonces racoleuses titillent l’amateur non averti. Dernière trouvaille ? L’emblématique Lounge Chair des Eames à 850 €. Une aubaine en toc : le modèle fabriqué selon les vœux de Charles et Ray Eames est commercialisé autour de 6 000 € chez son éditeur Vitra, seul habilité à produire les créations du couple star du design en Europe.
Du côté de la loi, la riposte est féroce, notamment en France où la législation sur la propriété intellectuelle est particulièrement rigoureuse. Acheter de la contrefaçon peut valoir une amende de 1 à 2 fois le prix du produit authentique ! Sans parler du risque de passer trois ans en prison ! Mais c’est loin d’être le cas partout en Europe. Si la France protège les modèles 70 ans après le décès du créateur, la loi anglaise fixe cette limite à 25 ans et est souvent présentée comme l’Eldorado de la contrefaçon. Le site britannique Voga s’est ainsi spécialisé dans les copies d’icônes du design, en omettant bien sûr de préciser les risques de confiscation à la douane française ! L’exception anglaise devrait cependant prendre fin en 2018 avec l’harmonisation des lois européennes sur la propriété intellectuelle.
Pour les pourfendeurs du faux – éditeurs en première ligne – le véritable combat est la prise de conscience par le public de la valeur supérieure d’un meuble authentique. Une légitimité qu’on ne peut sentir qu’en acquérant une vraie culture du design. Pour démêler le vrai du faux, il faut se faire un œil et le garder bien ouvert !