Depuis ses débuts il y a vingt ans, le galeriste David Alhadeff a toujours su étonner les amateurs de design et d’architecture avec les lieux incroyables qu’il a investis à New York, San Francisco ou Los Angeles. Parmi les folies où il a disséminé les créations des designers de son écurie (Chris Wolston, Seungjin Yang, Matthew Day Jackson…), on se souvient de l’ancienne villa d’Elvis Presley à Beverly Hills, au-dessus de Sunset Boulevard, avec une vue imprenable sur Los Angeles, ou d’un loft new-yorkais exceptionnel dans le quartier de Noho. Toujours plus grand, toujours plus prestigieux… À l’automne dernier, David Alhadeff a installé sa galerie The Future Perfect dans le bas de Hollywood Hills.
À lire aussi : La galerie Leica expose les photographies de Paul Cupido
Comme pour ses localisations précédentes, il a préféré un site résidentiel à un lieu d’exposition traditionnel et, pour la première fois, il y a associé expositions et espaces de vie. Après la villa d’Elvis, le galeriste devait relever le défi d’un emplacement tout aussi symbolique pour la Cité des anges.
Par le bouche-à-oreille, il a entendu parler de la maison idéale, qu’il a rebaptisée Goldwyn House en hommage au producteur de cinéma Samuel Goldwyn. Lequel a notamment fondé, en 1916, la Goldwyn Pictures Corporation, dont la séquence avant-film du lion rugissant sera ensuite reprise par la Metro-Goldwyn-Mayer, devenant l’une des plus célèbres images de marque du cinéma et la plus ancienne encore en usage.
En 1925, le magnat du 7e art se marie avec l’actrice Frances Howard et acquiert une demeure à West Hollywood, où ils vivront pendant dix ans, jusqu’à ce qu’ils déménagent à Beverly Hills, dans une villa plus grandiose. Mêlant références historiques (arches au-dessus des seuils, portail en fer forgé, cheminées dans les pièces maîtresses) et sensibilité contemporaine (lignes tendues, grandes fenêtres), la maison a été construite en 1916 par Robert E. Fuller, un important promoteur des débuts de Hollywood, et dessinée par les architectes Alfred et Arthur Heineman.
Ce dernier est notamment connu pour avoir inventé le concept des motels, dont il a dessiné le premier, le Motel Inn, à San Luis Obispo, en Californie, et pour avoir conçu des villas à Pasadena, dans la banlieue de Los Angeles.
À lire aussi : Gallery Fumi, l’adresse design incontournable de Londres
Expérience hybride
Lorsque David Alhadeff s’est installé dans cette bâtisse noyée dans un écrin de verdure, il a d’abord fait appel au studio de paysagisme des stars Art Luna, qui a entièrement replanté le parc pour lui rendre son caractère originel. L’intérieur de cette demeure comprenant sept chambres, six salles de bains, une salle à manger avec office, un solarium, un patio, et à laquelle vient s’ajouter une maison d’amis au bord de la piscine, a aussi été entièrement rénové.
L’équipe a supervisé les travaux de rafraîchissement de cette vieille dame hollywoodienne en lui rendant le lustre de ses débuts. Ils ont mis à nu tous les éléments d’origine, ôté les successions de couches accumulées au fil des décennies…
C’est ici que David Alhadeff a mêlé espaces d’exposition et de vie. Un ensemble de mobilier et d’objets en résine multicolore de Gaetano Pesce joue avec la lumière traversant les baies vitrées du grand salon. Ailleurs, une lampe sculpturale signée Dimore Studio côtoie un lustre et des fauteuils en rotin tressé à la silhouette anthropomorphe signés Chris Wolston.
À lire aussi : PAD Paris 2023 : 9 galeries de design à suivre
Un lit de Philippe Malouin, des sculptures d’animaux grotesques en céramique de Leena Similu, des coussins à l’esprit patchwork de Kiva Motnyk et des fauteuils aux formes de ballons de Seungjin Yang trouvent aussi leur place dans cette demeure cossue dont on observe encore ici et là les traces de la première vie.
Ainsi, l’ancienne salle de projection où Goldwyn présentait ses longs-métrages a été transformée en bibliothèque. Mais les œuvres les plus impressionnantes sont les immenses totems en bois sculpté de Dan John Anderson, inspirés par les sculptures de Brancusi, qui ont envahi les allées jonchées de gravillon du parc luxuriant, entre palmiers et massifs de buis taillés au cordeau.
Un lieu chargé d’histoire, dont David Alhadeff est prêt à écrire la suite avec ses équipes, mais aussi avec son époux, le directeur artistique Jason Duzansky, et leur fils, Leo…
> The Future Perfect. Visites sur rendez-vous. Thefutureperfect.com
À lire aussi : Le design épate les galeries parisiennes
