« Le monde change, les manières d’habiter changent. Plus que jamais, l’architecture, la ville, les territoires matériels et immatériels de l’habitation humaine doivent se penser à la lumière de ce qui n’est plus et de ce qui n’est pas encore advenu. » Voici le message délivré par « Constellation.s », riche exposition présentée par le Centre d’architecture arc en rêve cet été.
À la Biennale de Venise, qui a ouvert ses portes fin mai, et à Bordeaux, le constat est le même. Face à la crise généralisée, d’autres façons de penser l’architecture et l’urbanisme sont possibles, même dans les situations les plus complexes. Et l’imagination peut se révéler une extraordinaire puissance politique, surtout quand les habitants s’en mêlent. Quinze ans après l’exposition « Mutations », conçue avec Rem Koolhaas et qui fit l’événement au tournant du millénaire, arc en rêve se penche à nouveau sur la question de l’urbanisation accélérée de la planète. Sous-titrée « Habiter le monde », consacrée aux nouveaux modes de vie, « Constellation.s » est le résultat de deux années de travail pour glaner aux quatre coins du monde des expériences concrètes.
Comme à Venise, l’optimisme est de mise. Parmi les nombreux projets présentés, le téléphérique urbain d’Urban-Think Tank, pour désenclaver un quartier défavorisé isolé à Caracas, la réhabilitation de logements sociaux de Grand-Parc, à Bordeaux, par Lacaton & Vassal, ou encore la mégalopole éphémère du pèlerinage de la Purna Kumbh Mela, en Inde, le plus grand rassemblement du monde. Aussi efficace que réussie, la scénographie assume une certaine frugalité, à l’image de l’économie de moyens qui est au cœur des projets présentés. Pour l’occasion, les 2 000 m2 de la grande nef sont urbanisés plutôt que muséifiés, traités comme une place publique où le visiteur peut déambuler à sa guise et saisir l’énergie résolument positive qui transpire de cette exposition.
Rodolphe Escher