C’est son approche unique de l’aménagement intérieur, à la frontière entre univers professionnel et domestique, intimité et ouverture, qui ont amené Maison & Objet à distinguer Ilse Crawford. Son premier chantier remarqué fut l’hôtel londonien Soho House. Son patron, Nick Jones, a fait appel à cette ancienne journaliste peu après l’ouverture de son studio en 2001. Dans la foulée, la très pointue enseigne de cosmétiques australienne Aesop lui demande de penser sa boutique dans la capitale britannique. Elle plonge cet espace dans une ambiance d’appartement, avec parquet en point de Hongrie et globes en verre ultra-contemporains. Viendra ensuite l’hôtel Ett Hem, un bâtiment Arts & Crafts à Stockholm, qu’elle transforme en hôtel à l’ambiance si chaleureuse, calquée sur celle d’une maison de famille traditionnelle. Le même esprit chaleureux et décontracté irrigue le restaurant Duddell’s à Hong Kong.
La première confrontation avec le grand public a eu lieu en 2015, grâce à « Sinnerlig », une collection réalisée pour Ikea. Composée de petit mobilier et d’accessoires, elle squatte depuis les linéaires de l’enseigne suédoise tant certaines pièces connaissent un succès durable. Pour cette collaboration, elle est allée sourcer des fournisseurs dans le monde entier et notamment au Portugal pour le liège, omniprésent. Elle a choisi Amorim, une entreprise de Porto « qui consacre beaucoup d’énergie à réduire au maximum ses émissions de déchets. La visite de l’usine où travaillent 2 000 salariés m’a beaucoup appris sur la façon dont je pouvais améliorer mes process de designer. Grâce à Amorim, j’ai pu démontrer la durabilité et le potentiel inexploité de ce matériau naturel qu’est le liège », s’enthousiasme la créatrice qui a poursuivi son tour du monde des savoir-faire au Vietnam et en Pologne pour la verrerie. En ce moment, elle collabore avec une PME bosnienne pour soutenir les pratiques traditionnelles de ce pays à l’artisanat sinistré.