En septembre 1981, une exposition défraie la chronique à Milan. Un groupuscule de designers a décidé de donner un grand coup de pied dans la fourmilière en produisant un mobilier qui s’affranchit radicalement des codes du Style international alors en vigueur (austérité et fonctionnalisme). Pour ces trublions dont le leader n’est autre qu’Ettore Sottsass (1917-2007), la forme ne suit pas forcément la fonction et la couleur n’est plus un gros mot ! Michele De Lucchi, Shiro Kuramata, George J. Sowden, Nathalie du Pasquier… Tous s’ingénient à dessiner des meubles qui marient le marbre au Formica, associent des volumes géométriques inattendus et marient le jaune fluo au turquoise.
A cette époque, David Bowie est en pleine renaissance. Exit Ziggy Stardust, White Thin Duke et la déprime des années berlinoises. Le chanteur vient d’enregistrer Under Pressure avec Queen et se lance dans une phase d’expérimentation tous azimuts. Il s’inspire de Bertholt Brecht et se rapproche du groupe funk Chic – alors aux antipodes de sa pop cérébrale – pour donner naissance au futur tube Let’s Dance. Après trois années passées à Berlin, cette volonté de s’affranchir d’un certain classicisme résonne avec la volonté d’émancipation du groupe Memphis.
Pour eux comme pour Bowie, il est vital de casser les codes, de défier l’establishment, d’explorer de nouveaux territoires artistiques… L’exubérance est de mise dans la naissance de ce post-modernisme. Et Bowie se passionne d’emblée pour le travail de Memphis. Cependant, il attend la fin du groupe en 1987 pour commencer à le collectionner. Il acquiert alors des pièces historiques, issues de la toute première collection en 1981, et un grand nombre d’icônes créées dans les années suivantes.
A noter, la présence dans la vente d’objets antérieurs à Memphis mais qui ont joué un rôle essentiel dans la naissance de la passion de Bowie pour le design. Le chanteur a longtemps couché ses textes sur la machine à écrire Valentine de Sottsass (Olivetti, 1969) qui le fascinait. « Je ne peux pas ne pas la regarder », affirmait-il, impuissant face à ce chef-d’œuvre de design industriel. De même, la chaîne RS 126 (1966, Brionvega) des frères Castiglioni mise en vente montre des traces d’usure, signe que le chanteur l’utilisait au quotidien…
Les témoignages révèlent d’ailleurs que loin de laisser ces meubles enfermés dans un entrepôt, Bowie les faisait tourner entre ses différentes résidences pour les garder près de lui.
Vente le vendredi 11 novembre à 16 heures chez Sotheby’s London. 34-35 New Bond Street, W1A 2AA.