Galerie Carpenters, cet hiver, à Paris. Mathieu Lehanneur présente son lustre Les Cordes. « On se sait plus où finit l’objet et où commence l’architecture », nous dit-il. Designer circonscrit à aucun domaine, il nous parle de mobilier urbain. En 2013, avec Play !, il avait déjà semé des tables de jeu tactiles dans Paris. Clover participe d’une histoire encore plus étonnante. Ségolène Royal, alors qu’elle préside la région Poitou-Charentes, veut casser le système du choix sur catalogue et offrir à la région du mobilier urbain qui lui ressemble. La politique rencontre donc le designer. « C’est rare. C’est même visionnaire. Elle considérait qu’il fallait changer en portant une vraie attention à la dimension écologique du projet. »
Lehanneur et son équipe ont étudié une multitude de solutions d’économies d’énergie. Le réverbère Clover devait pouvoir éclairer aussi bien des villes que des mini-hameaux et ne devait pas être plus cher que la concurrence. Son mât en bois est découpé au centimètre près et sculpté par des machines numériques. D’où cette touche « entre l’écorce d’arbre et quelque chose d’un peu organique et fluide », décrit le designer. Au sommet, trois dômes en aluminium se déploient comme des feuilles de trèfle. Ils abritent des lampes à LED et des panneaux photovoltaïques. « La source d’énergie est solaire. Actuellement, elle couvre trois heures d’éclairage par jour. Dans un an, on passera à quatre heures, avant d’atteindre finalement l’autonomie. » Le premier prototype a été installé à Paris, devant le ministère de l’Écologie, au moment de la COP21, mais Clover a pour vocation d’être implanté par centaines dans la région Poitou-Charentes. Il peut aussi intégrer du son ou une caméra, et, complété de bancs éclairants, faire office d’assise. Lehanneur et son équipe dessinent déjà des croquis de fontaines. Aujourd’hui en Poitou-Charentes, demain dans le monde ?
Felipe Ribon & Michel Giesbrecht