Encore enfant, Calvin Seibert découvre Marcel Breuer (1902-1981) en apercevant, par hasard dans un magazine, des photos de ses réalisations pour la station de ski de Flaine, en Savoie. C’est un choc ! Il tombe en pâmoison devant les réalisations de l’architecte et le mouvement « brutaliste » qui sévit dans son sillage (et qui préconise de conserver au béton son aspect brut dans la construction).
Plus intéressé par l’aspect sculptural de l’architecture, et notamment l’abstraction qu’offrent les fondations et les structures visibles des chantiers de New York, il préfère intégrer une école d’art locale, abordant ainsi la discipline d’une manière plus libre.
Adepte du mélange des genres, il confie être aussi sensible à l’atmosphère dégagée par une centrale électrique abandonnée que par la Sagrada Familia d’Antoni Gaudi. Il développe alors un imaginaire personnel constitué d’éléments très variés : « Un village de pêcheurs, une sculpture moderniste ou la scénographie de la cérémonie des Oscars. »
Calvin Seibert cherche toujours à se réinventer. Pour ce faire, ses créations naissent d’une méthode de travail volontairement libre : il réalise constamment de multiples croquis mais s’en détache dés qu’il passe à la réalisation. Au fur et à mesure que son travail progresse, il n’hésite jamais à favoriser une forme impromptue, jugée intéressante, aux dépens de son idée initiale. Sans plan, le processus de construction évolue continuellement, dans sa forme autant que son échelle.
Cette imprévisibilité se retrouve également dans l’aspect forcément éphémère de ses œuvres. Et quand par bonheur elles parviennent à résister aux éléments naturels, aux enfants turbulents et aux mouettes, il aime les redécouvrir le lendemain, à la lueur de l’aube, pour en figer la poésie en photographie.
Et quand l’hiver devient trop rude, Calvin Seibert rentre dans son atelier et utilise du carton, des sacs en papiers, de la peinture et de la colle pour réaliser des sculptures impérissables mais toujours teintées de son amour de l’architecture et du brutalisme.