C’est quasiment un lieu commun. D’un jeune homme tatoué, barbu et friand de chemises vintage, on dira qu’il est looké « à la Brooklyn ». Un café aux murs de brique où l’on moud artisanalement l’arabica ? « Comme à Brooklyn », vous résumera son patron, même s’il officie à Blois. Jadis prolétaire, aujourd’hui branché par endroits, le plus grand arrondissement de New York est devenu un label qu’on appose sur tout phénomène supposé cool.
Voilà qui doit faire rire, même jaune, un certain nombre des 2,6 millions d’habitants du borough. Rien de in chez les Ukrainiens de Brighton Beach (aussi appelé Little Odessa) chers aux films de James Gray, ou chez les juifs hassidiques de Borough Park. Ni à Flatbush, l’immense quartier caribéen. Ni encore sur les hauteurs de Brooklyn Heights, si tranquillement bourgeoises. La faune « modeuse », c’est à Williamsburg, dans le nord-ouest de Brooklyn, qu’elle trouve son point d’ancrage. Plus sympathique au demeurant que les mines hautaines qu’elle prend parfois à SoHo ou à NoLiTa, de l’autre côté de l’East River. Comme les locaux, gobelet de café de chez Sweatshop en main, on déambulera nonchalamment dans Wythe Avenue où les boutiques indépendantes (Kinfolk, Pilgrim Surf and Supply, Mociun…) ont la cote, tandis que le vibrionnant Wythe Hotel plastronne en lieu et place d’une ancienne manufacture.