Biennale Émergences 2020 : Quand le frugal régale !

À l’heure de l’urgence écologique, la sixième édition de la Biennale Émergences interroge la question des ressources. Cent créateurs se réunissent pour partager inventivité et savoir-faire à Pantin, dans cet Est parisien qui accueille une part significative d’artisans et d’artistes.

Pantin n’en finit plus de nous étonner pas son dynamisme culturel et lance la ­sixième édition de la Biennale Émergences, qui a lieu jusqu’au dimanche 11 octobre 2020 au Centre national de la danse. Rien que la visite de ce bâtiment vaut le détour ! Conçu en 1972 par Jacques Kalisz, rénové en 2004 par Antoinette Robain et Claire Guieysse, ce bijou brutaliste accueillait des services administratifs de la ville avant de devenir un haut lieu de l’activité culturelle et artistique locale. Le thème retenu pour Emergences est plus que jamais d’actualité : ressources. « Nos ressources et nos moyens de production sont limités. Nous sommes désormais tous concernés par les questions environnementales, dans le moindre de nos gestes, dans le moindre de nos choix. C’est une vérité très largement admise, qui trouve un retentissement sans précédent face aux graves catastrophes écologiques que nous traversons. » Voilà le constat préalable posé par l’équipe de cette biennale et son commissaire général, Frédéric Bouchet.

Chez Jeanne Goutelle, les surfaces textiles utilisées, à destination de projets d’architecture intérieure ou de scénographies, proviennent de matériaux recyclés.
Chez Jeanne Goutelle, les surfaces textiles utilisées, à destination de projets d’architecture intérieure ou de scénographies, proviennent de matériaux recyclés. DR

La création à l’épreuve des grands enjeux contemporains

Comment travailler à l’heure où les ressources s’épuisent ? L’économie de moyens peut-elle être source de créativité ? Pas moins d’une centaine de créateurs ont été sélectionnés pour tenter d’esquisser des réponses. La question des matériaux et du réemploi traverse la plupart des projets présentés, comme celui de Victoria Lièvre, qui revalorise les peaux d’orange de l’industrie alimentaire pour créer des objets du quotidien, ou celui de Boutures, qui recourt à l’agglomérat de déchets pour fabriquer des vases et des luminaires. Quant à Pâle Studio, sa fondatrice récupère les fils de lin des surplus industriels pour concevoir des tableaux de textile.

Textiles de la serie Terry Katsuri, conçue par Elisabeth Leerssen, fondatrice de Pâle Studio.
Textiles de la serie Terry Katsuri, conçue par Elisabeth Leerssen, fondatrice de Pâle Studio. DR

Comme en témoignent les impressions 3D du studio Z-zéro basé à Montreuil et les luminaires de Samuel Accoceberry réalisés par un ferronnier de Pantin, la sélection met l’accent sur la créativité et les savoir-faire du Grand Est parisien. Pour autant, la scène internationale est aussi au rendez-vous. Quand le Néerlandais Rikkert Paauw confectionne ses tabourets et étagères à partir de matières premières et d’objets glanés dans la rue, l’Ecossais Fraser Mcphee s’empare lui aussi du réel pour le transcender. « A partir d’une simple table basse IKEA, il a développé toute une collection de mobilier dans une posture critique vis-à-vis de nos modes de consommation » explique Didier Courbot, commissaire associé de l’évènement et directeur de la galerie A1043.

Avec cette jardinière, comme avec toute la collection Post Industrials, Fraser Mcphee nous fait découvrir les entrailles des meubles IKEA pour interroger leur mode de production et leur durabilité.
Avec cette jardinière, comme avec toute la collection Post Industrials, Fraser Mcphee nous fait découvrir les entrailles des meubles IKEA pour interroger leur mode de production et leur durabilité. DR

Toujours selon Didier Courbot, « la question des ressources doit être envisagée sur le plan matériel mais aussi intellectuel. Au-delà des techniques et des matériaux, à partir de quoi travaillent les designers contemporains ? » Leur ondes cérébrales ? Et bien oui, du moins dans le cas de Lucas Maassen, auteur d’un canapé dont les sinuosités matérialisent les courbes de son encéphalogramme. D’un projet à l’autre, les idées fusent, ouvrent de nouvelles perspectives et convergent vers une vision résolument optimiste et réjouissante !
> Biennale Émergences. Au Centre national de la danse. 1, rue Victor-Hugo, 93500 Pantin, du 8 au 11 octobre. Biennale-emergences.fr

Fondateurs de la nouvelle marque SB 26, Samuel Accoceberry et le ferronnier d’art Bruce Cecere présentent notamment le lampadaire Moon, aux cotés d’autres luminaires et d’une série de bougeoirs.
Fondateurs de la nouvelle marque SB 26, Samuel Accoceberry et le ferronnier d’art Bruce Cecere présentent notamment le lampadaire Moon, aux cotés d’autres luminaires et d’une série de bougeoirs. DR
Sculptures, presse-papiers ou cale-portes, les pièces de JN. Mello Club, un duo incarné par Karine Arabian et Franck Blais, sont délibérément sujettes à la libre interprétation et revisitent les plus grands savoir-faire de la maroquinerie.
Sculptures, presse-papiers ou cale-portes, les pièces de JN. Mello Club, un duo incarné par Karine Arabian et Franck Blais, sont délibérément sujettes à la libre interprétation et revisitent les plus grands savoir-faire de la maroquinerie. DR
Réalisées à partir de livres usés, les tables d’appoint des Résilientes, le studio de design d’Emmaüs Alternatives, sont disponibles à petits prix au sein du concept-store de la biennale.
Réalisées à partir de livres usés, les tables d’appoint des Résilientes, le studio de design d’Emmaüs Alternatives, sont disponibles à petits prix au sein du concept-store de la biennale. DR

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