Longeant les quais de la Saône à Lyon, l’architecture de la Sucrière, un ancien entrepôt à silos reconverti, se prête idéalement bien au propos de la première biennale d’architecture. L’événement est plus un laboratoire de travail, de réflexion et de rencontres qu’un étalage de réalisations abouties, d’œuvres architecturales ou de scénographies spectaculaires.
On parle ici de télescopage de cultures, de confrontation de sensibilités et de structures sociales… Mais surtout, on se cale sur la nature pour créer des villes nouvelles plus humaines. Utopie ? Oui, mais une utopie rendue concrète, histoire d’affronter les transitions dans la douceur et de réfléchir à des solutions intermédiaires pour faire bouger la société.
Cette première biennale d’architecture envisage notre futur de manière expérimentale, un brin scolaire peut-être également. Normal cela dit, puisque les dilemmes soulevés sont traités par des collectifs, des écoles d’architecture et des agences d’urbanisme. En revanche, ce rendez-vous est le bienvenu car il fait écho aux grands projets de l’agglomération lyonnaise (Confluence, Part Dieu, Carré de Soie, La Duchère…) et s’inscrit dans les réflexions de la ville contemporaine à travers quatre thèmes : matières, ressources, nature et culture ; technologie, industrie et changements climatiques ; usages et modes de vie ; territoires, échelles, équité et solidarité…
« Nous sommes dans une époque de coproduction », souligne Franck Hulliard, vice-président de la manifestation « et cette biennale est avant tout un lieu de débats, d’échanges culturels, de conférences, de tables rondes, de studio radio, d’ateliers, d’exploration urbaine. Nous l’avons conçue comme un grand atelier qui planche sur des projets de vie meilleure, sans utopie excessive. »
Pour répondre aux problématiques soulevées, les démonstrations sont abordées dans des mises en scène factuelles. Exemple : le laboratoire Structural Xploration Lab de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne a élaboré un système porteur en forme de coque sans échafaudage et sans outil, nécessitant seulement des skis usagés attachés les uns aux autres.
Même retour aux sources avec la réflexion élaborée par la société Amàco qui a mis au point des briques en terre crue assemblées sans joint ni mortier. Projet Habiter livre un idéal de ville qui passe par des maximes un peu clichées, mais fondamentales : partager des espaces, des valeurs, des énergies, placer l’art au cœur de la société, limiter la folie de croissance aveugle, créer plus de proximité humaine, relier des bâtiments entre eux comme les arbres avec leurs racines, s’inspirer des forêts pour créer de nouvelles formes d’énergies, comme les rhizosphères, fabriquer des moteurs à eau, à air à énergie solaire…
Plus ludique, le jeu grille de Re-Generations, soutenu par le studio Akkerhuis, consiste à construire une ville au milieu de la nature, histoire de diversifier les espaces verts, et de répondre au vrai problème du XXIe siècle, l’accroissement démographique.
Petit bémol pour conclure, mais qui n’est pas la faute de la manifestation :cet éternel retour à la nature, à la simplicité, au détachement engendre un constat souvent aride, parfois poétique certes mais sans grande polychromie. Pas de grande innovation non plus sur ce que ce qui pourra protéger notre planète : l’écologie, le recyclage, l’interactivité, le partage, le respect du monde animal. Cela dit, existe-t-il d’autres pistes pour la sauver ?
Jusqu’au 9 juillet, du mardi au dimanche de 11 h à 18 h à La Sucrière. Lyon Confluence, 49-50, quai Rambaud, 69002 Lyon. Tél. : 04 27 82 69 40 et www.biennalearchitecturelyon.com