La prochaine Biennale d’architecture de Venise aura-t-elle lieu ? Rien n’est moins sûr, ce qui n’empêche pas les équipes de préparer activement l’événement qui, initialement prévu en 2020, a été reporté à 2021 en raison de la crise sanitaire. Maître de cérémonie de cette 17e édition, Hashim Sarkis a titré sa biennale sous la forme d’une interrogation : « Comment vivrons nous ensemble ? » (« How we will live together ? ») Un défi aux accents prémonitoires lancé quelques mois avant la pandémie, qui a permis à l’architecte libanais de ne pas être complètement déconnecté de cette nouvelle réalité.
Néanmoins, la biennale n’a eu d’autre choix que de prendre en compte cette situation inédite et d’envisager une proposition reconfigurée au regard des exigences sanitaires. Une certaine solidarité a émergé de ce nouveau paradigme, incitant l’ensemble les participants à travailler et à trouver des solutions ensemble, ce qui rarement le cas. Hashim Sarkis estime que ce temps supplémentaire a permis à l’exposition principale de gagner en épaisseur et d’ouvrir sur un monde de projections nouvelles.
« Remettre les habitants au cœur de l’architecture »
Certes, les commissaires ont dû s’adapter au monde version pandémie, mais ils ont aussi eu bien plus de temps pour préparer la biennale, généralement réalisée au pas de course. Aux manettes du Pavillon français, on trouve Christophe Hutin avec son projet « Les communautés à l’œuvre ». A Venise, il souhaite « remettre les communautés habitantes au cœur de l’architecture ». Ou comment l’habitant peut prendre le pouvoir sur l’architecture qui lui est donnée d’expérimenter et de transformer. « Nous considérons les situations d’architecture comme des écosystèmes fragiles. Nous agissons alors avec gentillesse, délicatesse avec attention, sans jamais démolir, sans abîmer en ayant comme objectif que le bénéfice de l’architecture aille précisément à ceux qui l’habitent », résume-t-il.
Une expérience immersive
Pour cela, il a exploré le monde contemporain, illustré par des études de cas en Europe, Asie, Amérique et Afrique, de Hanoi à Soweto. Ces exemples seront restitués à Venise sous forme de films, projetés sur trois écrans de 12 mètres plongeant les visiteurs dans une expérience immersive. Les différentes expériences menées auprès des populations défavorisées et leur capacité à activer des situations habitées constituent ainsi la matière première de la proposition de Christophe Hutin pour le pavillon français. Le report de la biennale à 2021 lui a laissé le temps de peaufiner son projet malgré les conditions de tournage et de voyage rendues délicates.
La 17e Biennale d’architecture de Venise doit ouvrir ses portes du 22 mai au 21 novembre 2021. Pour Roberto Cicutto, nouveau président des biennales depuis 2020 : « Ce nouveau défi que constitue l’ouverture de la Biennale et des Giardini en 2021 est pour nous tous une bataille à gagner au nom de la culture et de l’espoir de trouver la meilleure façon de vivre ensemble ». A bon entendeur !