Frédéric Taddeï
Journaliste
« Il y a quelque chose de moderne, provocant et toujours très féminin dans les photos de Bettina. C’est amusant, car elle avait fait plusieurs clichés de ma femme, Claire Nebout, avant qu’elle et moi, on ne se rencontre. La première fois que j’ai vu ma femme, c’était donc sur une photo de Bettina. Je l’ai trouvée si belle que j’ai arraché la page du magazine pour l’encadrer à mon chevet. Plus tard, j’ai rencontré Bettina alors qu’elle faisait un shooting pour le magazine Actuel. Je lui ai raconté cet épisode et elle m’a retrouvé deux originaux de la série : des photos magnifiques où ma femme est très belle. L’une est longtemps restée accrochée dans notre salle de bains, mais son érotisme commençait à perturber mon fils. Je l’ai mise dans la penderie… J’aimerais savoir si Bettina pense un jour photographier des hommes, même si je ne serai jamais un modèle à la hauteur de ma femme ! »
Mercedes Erra
Présidente exécutive d’Havas Worldwide et fondatrice de BETC
« Je n’ai croisé Bettina qu’une seule fois à l’occasion de la campagne Wonderbra. Elle avait réussi à apprivoiser Adriana Karembeu en quelques minutes alors que l’équipe avait du mal à mettre la jeune femme à l’aise. Je suis très sensible à l’art photographique et j’adore son travail, qui est tout simplement beau. Son obsession de la femme est immense, mais elle n’est jamais dans la tendresse. Elle donne la parole aux corps, elle montre le cru, l’impudeur, le trash au milieu de la beauté. Quand elle fait ramper Madonna sur une moquette sale, elle a un regard très animal, presque un œil de prédateur. Le plus difficile pour un artiste, c’est de définir un style. Le sien est très fort et j’aimerais bien savoir comment elle l’a inventé, comment elle est parvenue à donner tant de cohérence à son œuvre. Et puis j’aimerais bien qu’elle me raconte toutes les histoires de ces femmes qu’elle a photographiées. Elle doit en savoir beaucoup sur elles. »
Fleur Pellerin
Politique, ex-ministre de la Culture
« J’ai croisé Bettina sans jamais avoir eu l’occasion de lui dire toute mon admiration. Je me souviens être restée hypnotisée devant sa magnifique photo de Charlotte Rampling, main dans l’échancrure de son décolleté, cheveux un peu décoiffés et regard qui transperce. J’étais adolescente et c’est devant ce portrait que j’ai pris conscience de la singularité du génie en matière de photographie. J’ai découvert Bettina Rheims à travers cette photo et je n’ai plus jamais oublié son nom – que j’ai longtemps pensé être un nom de scène tant je le trouvais romanesque. Pour moi, c’était un nom d’aventurière à la Isabelle Eberhardt, ou celui d’une héroïne de James Ellroy ! Ce n’est que plus tard que j’ai pris conscience du caractère transgressif de son œuvre. De manière générale, je trouve que Bettina parvient à proposer une image très érotisée de ses modèles féminins, mais sans jamais les réifier. Il y a quelque chose de très féministe dans ses photos, où la sensualité est un attribut de puissance et non de soumission au désir de celui qui regarde. J’aime beaucoup la série « Héroïnes », car les modèles s’y révèlent dans une fragilité touchante. J’avoue aussi que « Rose, c’est Paris » m’a vraiment fascinée. C’est une série… troublante ! Bettina, quand venez-vous dîner à la maison ? »
India Mahdavi
Architecte et designer
« Nous nous étions croisées à diverses occasions, puis Bettina est venue me voir, séduite par deux fauteuils en vitrine… Nous nous sommes vues à plusieurs reprises, suffisamment pour qu’elle m’inspire un autre modèle, que j’ai justement baptisé Bettina. C’est une adaptation de Gelato, la chauffeuse qu’elle aimait et qu’on a développée en version deux places : une banquette double, asymétrique et graphique. Parmi les images d’elle qui m’ont touchée, il y a le portrait de Charlotte Rampling en noir et blanc. Un regard de femme sur une autre femme. Ce que j’apprécie, c’est sa façon de décaler la beauté. La série « Chambre close », avec Serge Bramly, en est pour moi le parfait exemple. J’aime la façon dont elle met son sujet à nu pour parvenir à l’évidence de l’authenticité. Bettina, sais-tu que j’ai dessiné un modèle qui porte ton prénom ? Un fauteuil qui s’appelle Bettina, ça sonne bien, non ? »
Arthur Sadoun
Président de Publicis Worldwide
« Pendant quinze ans, nous nous sommes croisés lors de dîners ou d’avant-premières, mais j’ai vraiment découvert Bettina à l’occasion d’une campagne Lancôme. Nous avions passé toute une après-midi à « brainstormer ». La campagne n’est jamais sortie, mais je conserve un formidable souvenir de la créativité et de la gentillesse de Bettina. À chaque fois que je proposais une idée idiote, elle faisait semblant de s’y intéresser ! Bettina interroge les évidences. Elle laisse parler ceux dont on pense que l’on sait déjà tout, qu’ils soient des marginaux ou des stars. Et elle montre ce qui est caché, en racontant autrement les visages et les silhouettes familières. C’est d’abord une femme qui a un don pour l’intime. Parce qu’elle sait provoquer un lâcher-prise chez ses modèles et une vraie sincérité. Ses œuvres sont faites pour être des antidotes à l’indifférence. Toutes. Y compris dans ses travaux de commande pour la publicité ou la mode. Elle impose son regard, elle nous invite à voir autrement ce que l’on croit connaître. Voilà ce qui me touche. Un jour, j’aimerais lui demander quelle est sa définition du beau et comment elle imagine la femme de demain. »
Emmanuel Macron
Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique
« J’ai connu Bettina par son mari, Jean-Michel Darrois, qui participait à la Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali, en 2007. Invité à dîner chez eux, je me souviens très bien de cette rencontre avec Bettina qui, d’emblée, m’a impressionné. Elle a le don de créer un lien unique avec son interlocuteur. C’est une femme imprévisible et charmante au sens du XIXe siècle. Intense et secrète. On se sent scruté par son regard d’artiste. On comprend rapidement qu’un monde lui appartient, fait d’images, de textes, d’êtres chers et cachés. C’est une grande travailleuse qui est dans le contrôle permanent. Qu’il s’agisse des alcôves ou des rues de Paris, elle réinvestit les lieux, les transforme pour mieux percer à jour ses modèles. Ceux-ci ont l’impression d’une grande liberté, mais c’est un leurre. J’aime la série « Rose, c’est Paris », qui évite tous les clichés et restitue à la femme et à Paris tout leur mystère. Elle a aussi fait l’un des portraits les plus réussis d’un président de la République, son œil acéré invitant à un autre regard. J’aimerais lui demander si la vérité photographique existe et si elle l’a saisie. »