Philippe Starck
Designer
« J’étais tout jeune, bien peu de chose, et je suis arrivé pour un portrait pour je-ne-sais-pas-qui sur je-ne-sais-pas-quoi. J’ai pénétré un antre incroyable fait de lumière et de beaucoup d’ombre dans le cœur de Paris. Bettina était là qui m’a dit : « Si on buvait d’abord un coup de blanc ? » On a donc bu du vin blanc, longtemps. On a parlé puis, par inadvertance, presque sur un malentendu, on a fait la photo en quelques secondes et elle était extraordinaire. C’était une grande photo, mais surtout une grande leçon de travail et d’humanité. La beauté est le maximum de puissance avec le minimum de moyens. Chez Bettina, c’est une photo faite comme par hasard et qui, pourtant, avec la plus grande élégance, va mettre à nu son sujet. Non, évidemment, aucune photo ne m’a plus marqué qu’une autre dans la mesure où les photos de Bettina sont toutes des photos de femme. Comment pourrais-je préférer une femme à une autre, donc une photo à une autre ? Bettina, comment as-tu fait pour détourner à ton seul profit le magnétisme de la Terre ? »
Jacques Grange
Architecte d’intérieur
« Je connais Bettina depuis les années 70, alors qu’elle découvrait à peine la photo. Elle est issue d’une famille que j’ai beaucoup fréquentée puisque j’ai travaillé avec son père, Maurice, qui était commissaire-priseur, romancier et membre de l’Académie française. Elle a été bercée dans ce milieu un peu Rothschild, un peu aristo, mais surtout très cultivé et très libre. Elle a su capter toute cette culture, mais aussi s’en émanciper, justement parce qu’elle est libre, courageuse et toujours très curieuse. J’ai suivi toute l’évolution de son travail, de ses photos d’oiseaux naturalisés à toutes celles qui célèbrent la liberté de la femme, en passant par la série « INRI », en 1999, qui retraçait les principales scènes de la vie du Christ. Elle a même fait un portrait de moi qui doit traîner quelque part. Je suis très heureux d’avoir pour amie une telle artiste et je voudrais simplement lui dire de poursuivre, de ne jamais se lasser, pour continuer à nous émerveiller. »
Philippe Elkoubi
Directeur de casting
« Il y a une petite dizaine d’années, j’ai rencontré Bettina parce qu’un producteur m’avait recommandé à elle pour son film Rose, c’est Paris. On était dans son studio, j’étais jeune et j’avais le trac, car elle était pour moi une vraie légende de la photographie. Je me souvenais par exemple de sa série « Les Aveugles », publiée en 1992, que j’avais jugée extraordinaire. Elle, je l’ai trouvée très belle. Elle a enlevé ses lunettes et j’ai alors découvert son regard d’une grande intelligence, qui m’a hypnotisé jusqu’à aujourd’hui. On a fait des livres et travaillé sur de nombreux projets ensemble, aussi bien avec des stars qu’avec des actrices pornos ou de parfaites inconnues. Son exposition à la MEP est pleine de contrastes, il y a des photos de femmes détenues, sans aucun artifice, et d’autres femmes chez qui tous les codes de l’apparence sont convoqués. Sa grande qualité, en plus de l’intelligence, c’est la fidélité. Avec elle, je me suis engagé autant qu’elle s’est engagée. Si j’avais une chose à lui dire, ce serait tout simplement merci. »
Mathilde de l’Ecotais
Photographe
« Je n’ai encore jamais rencontré Bettina Rheims, mais je l’admire beaucoup et je connais bien son travail. J’ai même un souvenir très précis de la première fois que je l’ai découvert. C’était pour la série sur les femmes androgynes, « Modern Lovers », en 1990. J’ai toujours porté les cheveux courts et cette série m’avait particulièrement interpellée, car elle posait la question de ce qui rend une femme masculine. Je suis très admirative, car Bettina parvient à photographier ses modèles dans un état d’abandon total. Je crois que pour obtenir ce genre de regard, il faut savoir soi-même se mettre à nu. J’aimerais lui demander si elle se retrouve au moment où elle appuie sur le déclencheur. Si, au moment où le miroir de l’appareil se relève, elle se voit brièvement dedans. »