Alors que l’Italie et les pays scandinaves semblent toujours régner en maîtres sur la planète design, une nouvelle esthétique venue du Moyen-Orient se dessine doucement. Quelques jours par an, la Dubai Design Week offre une mise en lumière à tous ces talents. Aujourd’hui dans sa 3e année, elle ne cesse de grandir et d’enrichir son offre, les manifestations se déployant maintenant dans plusieurs quartiers de la ville. Les silhouettes et codes du monde arabe, avec ses innombrables subtilités régionales, embrassent un trait contemporain, moins ornemental, plus sobre, et définitivement tourné vers l’avenir. L’occasion d’un voyage autour des événements les plus importants de cette manifestation…
>1 : Éditeurs d’ici et d’ailleurs
Avec ses 150 exposants venus de toute la planète, le centre névralgique de la Dubai Design Week, c’est Downtown Design. C’est d’ailleurs lui qui a lancé l’idée d’une design week puisqu’il fête déjà ses 5 ans. Les allées se divisent en espaces dédiés, de l’outdoor au bureau, en passant par les cuisines et salles de bains. Les noms les plus influents sont présents (Kettal, Hermann Miller, La Cornue, Antonio Lupi pour n’en citer que quelques-uns). Mais les stands qui mettent vraiment les sens en éveil sont ceux des marques émergentes locales, qui renouvellent le style oriental et l’amènent dans l’ère moderne. « Ombres et motifs », la première collection de mobilier de l’éditeur saoudien SACD, renouvelle les motifs géométriques islamiques. Parmi les coups de coeur, Designed by Hind présente une collection d’art de la table inspirée des riches motifs des mariages orientaux tandis qu’Atharna propose des accessoires de déco colorés, tissés et brodés par des artisanes du Golfe.
>2 : Localités revisitées
A plus petite échelle, l’exposition « Middle East Design Now! » regroupe 18 designers venus d’autant de pays, ou presque. Leur travail a d’abord été présenté au London Design Festival en septembre dernier, avant de se poser à Dubai. Marocain, jordanien, tunisien ou libanais, chaque projet explore la mémoire ancestrale et les savoir-faire traditionnels de sa région, pour créer des artefacts contemporains. Notre préféré ? Kawther Al Safar, qui reprend le procédé de moulage au sable développé par les artisans Alwafi au Koweit, dans une série de bols en métal. Et les tapisseries de Bokja qui mélangent les influences en s’inspirant des tapisseries d’Aubusson.
>3 : Artisanat contemporain
Abwab signifie « portes » en arabe, et c’est la 3e année que cette exposition se propose d’offrir une ouverture sur le jeune artisanat du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Asie Méridionale. Les projets ont été choisis de manière à faire connaître des talents de tous bords, comme un effet domino. Une idée simple mais rafraîchissante dans le processus de sélection. En déposant son dossier, chaque candidat devait en effet recommander un autre designer. Les curateurs ont ainsi pu piocher parmi plus de 250 projets, dont des créatifs dont eux-mêmes n’avaient jamais entendu parler… On a craqué pour les vases imprimés en 3D qui figurent le mouvement des danses spirituelles soufies.
>4 ; Le meilleur moyen de connaître l’avenir, c’est de l’inventer…
Pas moins de 200 projets sont exposés au Global Grad Show, l’évènement le plus impressionnant de sa catégorie. 92 universités de 43 pays sont représentées et chaque étudiant a été invité, tous frais payés, pour pouvoir raconter, expliquer, communiquer son idée. Si un projet est exposé, c’est qu’il propose, d’une manière ou d’une autre, une solution d’avenir à un problème actuel. Entre un drone conçu pour explorer les zones de décombres impossibles à atteindre lors de séismes et un miroir qui permet de voir sur son visage les effets du soleil, on trouve aussi des applis destinées à aider les migrants dans leur vie de tous les jours ou des prothèses médicales customisables.
>5 : Poésies lumineuses
C’est avec le Dubaïote Khalid Shafar que Lasvit s’est associé pour cette installation narrative. Inspiré des horloges azan, Silent Call est un appel silencieux et lumineux à la prière, qui pourrait remplacer le chant du muezzin. Des globes en verre fin sont moulés selon les formes de cinq mosquées majeures, tandis que de minuscules points lumineux scintillent en mouvements concentriques, pour représenter les fidèles en chemin. Le dôme ouvragé de chaque mosquée gagne en intensité au fur et à mesure qu’elle se remplit. Une manière poétique d’ouvrir un dialogue entre design et religion et de mettre les avancées technologiques au service de rituels traditionnels.