Quel est le point commun entre tous ces projets ?
Nous dessinons des espaces qui ne sont pas des expériences uniquement mais de vrais lieux de vie pérennes, sans effet « waouh ». Nous passons toujours du temps avec les gens pour créer un contexte narratif très fort. Pour Le Barn, Edouard Daehn et William Kriegel voulaient partir de l’idée du ranch.
Nous sommes donc allés dans le Montana, où William Kriegel élève 6 000 vaches. Nous y avons compris plein de choses sur la rusticité et nous nous sommes imprégnés de l’esprit du lieu. On ne peut pas entrer dans des procédures de grandes boîtes, même si elles sont géniales. Nous voulons toujours être face au décideur et ne pas nous retrouver confrontés à quinze personnes qui donnent leur avis.
Comment procédez-vous pour un projet d’identité de marque ?
C’est un nouveau métier que de raconter des histoires de marques et de les matérialiser. Après le briefing avec le client, nous essayons d’apporter une réponse cultivée, c’est-à-dire que nous faisons en général une seule proposition, mais très étayée, que nous prenons ensuite le temps de construire.
Quel est le profil des gens que vous embauchez dans votre agence ?
Nous sommes en tout quinze personnes à Paris et cinq à New York. Parmi ces équipes, il y a des architectes, des créatifs, des chefs de projet et un responsable de la collection « Portraits de villes ».
Chacun a un œil, un regard sur un domaine particulier, comme la typographie, par exemple. Nous n’embauchons pas à partir de portfolios : 80 % d’entre eux se ressemblent. Ils sont très beaux, très justes, réalisés par des directeurs artistiques, des assembleurs parfaits. Mais ceux-ci n’ont pas compris que, chez Be-pôles, nous sommes dans la production. Après avoir publié une annonce pour un poste sur LinkedIn, nous avons reçu 3 000 réponses très semblables, et c’est finalement une fille qui avait posté un commentaire sur notre compte Instagram à propos de l’un de nos projets que nous avons recrutée. Nous poussons nos équipes à dessiner, à crayonner, à essayer de donner une réponse illustrée pour échanger avec nos clients. C’est ce que nous faisons énormément, Clémentine et moi. Reynald, notre associé qui s’occupe de New York, fait, quant à lui, de la musique. Prendre le temps de produire quelque chose, c’est se placer dans une dynamique lente d’acquisition des codes, un temps d’analyse et d’observation qui apparaît comme essentiel à notre métier.