De fil en aiguille, Marco Baumann qui, depuis vingt ans, préside aux destinées hôtelières du clan, demande évidemment aux deux designers d’imaginer l’évolution de son Hôtel des Berges adjacent, séparé du restaurant de son beau-frère et de son épouse par le ravissant jardin longeant la rivière. Danielle et Marco Baumann souhaitent augmenter leur capacité hôtelière et se projeter au-delà du sentiment de « recevoir chez soi ».
Le brief de départ ? Une carte blanche pour créer une aire de détente et de bien-être, une parenthèse dans un temps suspendu, pourquoi pas un spa, donc, mais aussi un lieu de méditation an de tirer pleinement parti du calme et de la nature privilégiée d’Illhaeusern – littéralement « les maisons au bord de l’Ill » –, autrefois village de pêcheurs et de bateliers.
C’est ainsi que Patrick Jouin et Sanjit Manku imaginent un lieu « comme on en rêve », le Spa des Saules, au cœur d’une nouvelle bâtisse enveloppée de bois, au caractère bien trempé, où les volumes accentuent les notions de confort et de respiration idéales pour un séjour détox à tout point de vue. De plain-pied, le spa et ses multiples bassins évoluent en température de l’intérieur vers l’extérieur sur le modèle des bains alsaciens de tradition romaine. Tout en matériaux sensuels et codes discrets, il se prolonge par ailleurs en une enfilade de pièces – accueil, vestiaires, salles de soins et de repos aux détails hypertravaillés – dans lesquelles toute ingénierie humaine semble avoir été gommée.
En son sein trône un objet exceptionnel : une pierre chaude en béton armé. Une sculpture monumentale aux formes organiques, coulée sur place, à la fois fauteuil dans lequel se détendre ou simple élément à la chaleur irradiante, similaire au galet passé dans une cheminée. En un geste poétique, la feuille de saule, qui sert ici de base à la gamme de soins, affleure partout dans la masse du béton mural. À l’étage, le nombre de junior suites limité à cinq permet de préserver l’intimité. Enfin, une « chapelle » œcuménique est tout spécialement vouée au lâcher-prise et à l’introspection. Le bâti n’est pas sans rappeler les anciens séchoirs à tabac de la région – quatre d’entre eux subsistent encore à l’entrée de Guémar, le bourg voisin, hélas ! plus pour longtemps nous dit-on –, mais aussi l’épure rigoureuse d’un Tadao Ando.