Africa pop
L’Afrique est au cœur du cru 2016 avec trois shows croisant l’histoire politique et la culture du continent. Avec Malick Sidibé, « Swinging Bamako » (à la Grande Halle) réunit les portraits de musiciens maliens issus de l’indépendance du pays en 1960 et formés à Cuba. Au couvent Saint-Césaire sont exposés les photomontages (cartes postales et objets d’art africains) de l’Écossaise Maud Sulter (1960-2008), à travers sa série « Syrcas », en faveur des oubliés noirs européens de l’Holocauste. À Ground Control, nouveau lieu d’exposition, « Tear My Bra » (Déchire mon soutien-gorge !) lie la photo africaine contemporaine aux drames et drôleries à l’eau rose de Nollywood, l’industrie cinématographique du Nigeria.
Après la guerre
Tout a changé depuis le 11-Septembre et les artistes sont là pour nous le rappeler. Au travers d’images, d’installations, de films et de sons signés, entre autres, du musicien Steve Reich, du photographe Thomas Ruff et du cinéaste Alejandro González Iñárritu, le casting haut de gamme de « Nothing but Blue Skies » (au Capitole) réévalue les documents chocs des attentats, leur diffusion et leur impact. De leur côté, les paysages du grand reporter de guerre anglais Don McCullin (à l’église Sainte-Anne), ceux d’Alexandre Guirkinger (au Magasin Électrique) et ceux de Yan Morvan (au Capitole) – parti retrouver des sites historiques, comme le canyon de Chelly, en Arizona –, confrontent leur vision universelle et inhabituelle d’anciens champs de bataille et de lieux de conflits passés.
Monstres & co
La vérité est ailleurs… aux Rencontres de la photographie ! À côté d’une exposition sur les bestiaires du cinéma de genre (« Monstres, faites-moi peur ! » à la Grande Halle), de jeunes photographes danois présentent ce qu’ils ont rapporté de voyage : de l’étrange. Sara Galbiati, Tobias Selnæs Markussen et Peter Helles Eriksen se sont penchés sur des phénomènes d’ovnis inexpliqués aux États-Unis, depuis les déserts de l’Arizona jusqu’au Nevada. Une expérience à vivre à Ground Control. Au Japon, sur l’île de Yokainoshima, Charles Fréger a, quant à lui, fait connaissance avec de drôles de marionnettes grandeur nature, animistes et folkloriques. À voir à l’église des Trinitaires.
Les plateformes du visible
Quatre artistes enquêtent sur des documents officiels et officieux. Au Magasin Électrique, Laia Abril expose, en textes et en images, les rouages de l’avortement clandestin, mortel, dans l’idée d’écrire une « histoire de la misogynie » et de militer pour davantage de justice. Au Musée départemental Arles antique, y fait écho le travail de João Pina sur l’opération Condor, un plan militaire secret initié en 1975 qui réunissait six dictatures d’Amérique du Sud contre les opposants aux régimes, enlevés, torturés et tués. Avec le lauréat de Photo Folio Review, les Rencontres, en partenariat avec l’École nationale supérieure de la photographie, ont permis la résidence 2016 de Stéphanie Solinas qui a exploré l’histoire de la halle industrielle dite « Lustucru » (Arles) pour évoquer la mondialisation. Avec « Dominique Lambert », Stéphanie Solinas a, par ailleurs, compilé comme une ethnographe un échantillon visuel d’une série d’homonymes.
Street
La séquence la plus visitée à Arles est celle consacrée à la photographie de rue. New York est au centre de ce thème autour duquel deux expositions mesurent l’influence intergénérationnelle de Sid Grossman (1913-1955), moderne dès 1940 (à l’Espace Van Gogh), et celle de Garry Winogrand (1928-1984) face à Ethan Levitas, à la Grande Halle. Sur place, on pourra découvrir la reprise de l’exposition « Nouveau démenti de la mission spatiale Viking 4 » (1979) du Britannique Peter Mitchell. Eamonn Doyle et Christian Marclay, fameux auteur de l’installation The Clock (2010), y transcendent aussi le béton sale de la ville en chimères et poésies.
Western Stories
Au-delà des frontières, les Rencontres d’Arles explorent le genre du western, de la Californie à la Camargue où, qui l’eût cru ? les premiers longs métrages sur la conquête de l’Ouest américain ont été tournés ! Tandis que dans l’église des Frères-Prêcheurs sont affichés les panoramas naturels de la région, capturés à l’aurore du XXe siècle par les pionniers du cinéma muet, la salle Henri Comte fait défiler les aventures initiatiques de Bernard Plossu, à l’époque de la Beat Generation. La reprise de sa première exposition personnelle (« Western Colors ») signe le retour à Arles de ce grand voyageur.