Baptisée « House on an Island », la récente réalisation de l’Atelier Oslo est à l’image de son patronyme : indissociable de son environnement et des paysages insulaires. Face à la Mer du Nord, cernée par les panoramas sauvages de l’île de Skåtø, cette résidence secondaire de 70 m2 s’inscrit harmonieusement dans son contexte : une parcelle accidentée, lentement érodée par les éléments, dont la topographie tout à tour abrupte et délicate devient le socle d’un refuge tourné vers l’horizon.
Introduit par une passerelle, le projet s’apparente, comme une mise en abîme, à une île cerclée perdue dans une mer de rochers. L’accès se fait au niveau de la toiture et mène à un escalier taillé comme une faille dans le corps de l’édifice. Un cheminement presque théâtral mais surtout conceptuel, qui incite à se déconnecter du monde et des tracas quotidiens pour répondre au souhait des propriétaires. A la recherche d’un échappatoire face au tumulte et aux distractions de la vie citadine, les deux artistes profitent depuis l’année dernière de leur nouvel atelier en alternant travail et contemplation.
S’ils fignolent actuellement la future bibliothèque publique de la capitale norvégienne, les architectes d’Atelier Oslo ont imaginé ici un tapis de béton qui se déroule au plus près des reliefs existants. En découle une série de paliers dont la teinte grise évoque celle de la roche. Des multiples terrasses aux pièces de vie, l’uniformité du revêtement atténue la frontière entre les espaces intérieurs et extérieurs, uniquement délimités par un voile de verre et une structure ajourée.
En réponse aux forêts environnantes, le choix du bois s’est logiquement imposé pour dessiner une trame qui tombe en cascade sur chacune des façades. Entièrement vitrées afin de propulser le regard vers le paysage, celles-ci ménagent ainsi des vues et un ensoleillement adaptés au voisinage et à toutes les saisons. Fourni par Kebony, un fabricant local, le pin utilisé résiste particulièrement bien aux intempéries et aux embruns grâce à un traitement thermique lui permettant d’acquérir une solidité et une longévité équivalentes – voire supérieures ! – aux bois exotiques.
En jouant sur des effets de profondeur et des rythmes différents, la disposition des lattes crée en outre des jeux d’ombre et de lumière dans les deux chambres, le bureau et le séjour en plan libre. A cet effet, Nils Ole Brandtzaeg, cofondateur de l’agence norvégienne, indique s’être inspiré de « la sensation d’être assis sous un arbre, lorsque les rayons du soleil filtrent à travers ses branches ». Pour lui comme ses clients, la nature reste une source d’inspiration intarissable…