Art, architecture et nature : le trio estival de la Serpentine Gallery

C’est l’événement de la saison dans la capitale britannique : le pavillon estival de la Serpentine Gallery ouvre ses portes du 15 juin au 7 octobre, à quelques longueurs de brasse d'une installation monumentale de Christo.

Tous les ans, la Serpentine Gallery fait l’événement dans les jardins de Kensington, à Londres, avec son pavillon estival, structure éphémère imaginée, à la demande de l’institution, par un architecte chaque fois différent. Depuis 2000, les stars se sont succédé : Rem Koolhaas (OMA), Frank Gehry, Jean Nouvel, Bjarke Ingels (BIG)… C’est peu dire que la Serpentine Gallery a surpris en annonçant le nom de celle qui réaliserait le dix-huitième pavillon.

À la tête de sa propre agence depuis 2006, l’architecte mexicaine Frida Escobedo s’est notamment fait remarquer par ses projets qui « réactivent l’espace public ».
À la tête de sa propre agence depuis 2006, l’architecte mexicaine Frida Escobedo s’est notamment fait remarquer par ses projets qui « réactivent l’espace public ». © 2018 Rafael Gamo

Jeune architecte mexicaine, Frida Escobedo est peu connue du grand public… mais également de la profession ! Pourtant, depuis qu’elle a fondé son agence à Mexico City en 2006, elle a notamment réalisé plusieurs boutiques Aesop en Floride et, au Mexique, la galerie d’art La Tallera à Cuernavaca et l’hôtel Boca Chica à Acapulco. Elle s’est également illustrée par des projets qui réactivent l’espace public, comme lors de l’édition 2013 de la Triennale d’architecture de Lisbonne ou devant le Victoria and Albert Museum, à Londres.

Pour le pavillon estival de la Serpentine Gallery, elle a conçu une structure poreuse disposée autour d’un bassin.
Pour le pavillon estival de la Serpentine Gallery, elle a conçu une structure poreuse disposée autour d’un bassin. © 2018 Iwan Baan

À 39 ans, elle devient la plus jeune architecte et la seconde femme, après Zaha Hadid, à se plier seule à l’exercice. Sa proposition convoque l’eau, la lumière, la géométrie, l’utilisation innovante de matériaux ordinaires mais aussi le temps, notion très présente dans sa production. Le pavillon prend la forme d’une enceinte close et poreuse, définie par deux volumes rectangulaires en équerre, le tout dans l’axe du méridien de Greenwich et installé autour d’un bassin.

Le pavillon engage un dialogue entre la lumière, l’eau et les matériaux, empruntés aussi bien à son pays d’origine qu’à l’architecture londonienne.
Le pavillon engage un dialogue entre la lumière, l’eau et les matériaux, empruntés aussi bien à son pays d’origine qu’à l’architecture londonienne. © 2018 Iwan Baan

Ce subtil mélange est inspiré à la fois par l’architecture traditionnelle mexicaine et par la ville de Londres. Un détour par la Serpentine Gallery sera également une belle occasion pour se rendre à l’exposition consacrée à Christo (1935-) et Jeanne-Claude (1935-2009), et pour découvrir The London Mastaba, l’installation de Christo spécialement conçue pour ­l’occasion avec 7 506 barils (20 mètres de haut) sur le Serpentine Lake.

600 tonnes de barils flottent librement sur le lac.
600 tonnes de barils flottent librement sur le lac. Wolfgang Volz © 2018 Christo

Inspirée des sépultures égyptiennes, la structure rouge, mauve et bleue est la première œuvre in situ réalisée au Royaume-Uni par l’artiste. Après ses passerelles flottantes installées sur le lac d’Iseo, en Italie, le Bulgare investit à nouveau la surface de l’eau pour concrétiser soixante années de recherches menées par le couple autour des barils, comme le relate l’exposition « Christo and Jeanne-Claude: Barrels and The Mastaba 1958–2018 ».

La palette de couleurs a été élaborée pour répondre aux teintes bleues et vertes du lac et du parc.
La palette de couleurs a été élaborée pour répondre aux teintes bleues et vertes du lac et du parc. Wolfgang Volz © 2018 Christo

Plus connu pour avoir « empaqueté » le Reichstag (1995), le Pont-Neuf (1985) ou les côtes australiennes (1968-1969), l’artiste semble maintenant initier une nouvelle série avec son volume trapézoïdal. Un projet similaire, mais d’une échelle six fois plus importante, est en effet censé voir le jour aux Emirats Arabes Unis au cours des prochaines années. Mûri avec Jeanne-Claude depuis 1977, le futur mastaba devrait culminer à 146 mètres au-dessus du sol, soit la hauteur originelle de la pyramide de Khéops.

> Serpentine Pavilion 2018 par Frida Escobedo. Du 15 juin au 7 octobre.
> « Christo and Jeanne-Claude: Barrels and The Mastaba 1958–2018 ». Du 19 juin au 9 septembre (installation The Mastaba jusqu’au 23 septembre).
Kensington Gardens, Hyde Park, Londres. Serpentinegalleries.org