Architecture : En Finlande, même les buildings sentent la forêt

Dernier en date : Katajanokan Laituri, vaisseau minimaliste et sensoriel en bois massif, amarré sur le port d’Helsinki. Un projet signé Anttinen Oiva Arkkitehdit qui redessine la skyline tout en douceur, avec 7 630 m³ de bois préfabriqué, un toit végétalisé, des panneaux solaires et une façade à double peau. Hôtel, bureaux, café, tout est pensé pour durer, s’adapter… et respirer. Design épuré, lumière naturelle, acoustique feutrée : quand le bois devient manifeste urbain, durable et désirable. Odeurs de résine et vibes scandinaves garanties.

En Finlande, même les buildings sentent bon la forêt. Dernier exemple en date avec cet immense vaisseau ancré sur le port d’Helsinki, le plus grand bâtiment en bois massif du pays construit dans le prolongement des immeubles néoclassiques de son front de mer emblématique. Baptisé Katajanokan Laituri, il s’agit là du premier bâtiment moderne à émerger sur ce quartier, redessinant au passage la carte postale de la ville. Et l’ambition est bien de positionner le bois comme l’avenir du développement urbain.


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Un immeuble sensuel

« Ce projet démontre que le bois est un matériau pertinent et bénéfique dans les environnements denses, même dans des sites historiques », introduisent les architectes Selina Anttinen et Teemu Halme de l’agence Anttinen Oiva Arkkitehdit, conceptrice de l’œuvre.

Katajanokan Laituri redessine la carte postale de la ville.
Katajanokan Laituri redessine la carte postale de la ville. ©Kalle Kouhia

Mais attention, on parle ici d’orfèvrerie architecturale. Conçu avant tout pour le bien-être de ses usagers, l’immeuble, d’une grande qualité, parvient à concilier minimalisme et chaleur. Et son éclairage naturel favorise un cadre de travail confortable. « Nous avons cherché à créer une ambiance. Le bois est agréable en termes d’acoustique et la circulation de la lumière a été un point central de la conception, car elle met en évidence les variations naturelles du matériau », reprend le duo d’architectes.

Le volume de trois piscines olympiques

Et on est loin de la cabane de trappeur. D’une surface totale de 23 000 mètres carrés, ce bâtiment de quatre étages à usage mixte repose sur 7 630 mètres cubes de bois massif, soit l’équivalent de trois piscines olympiques. Une structure préfabriquée en amont en 2 000 éléments porteurs usinés au millimètre près et assemblés sur site comme un jeu de Lego géant.

À travers l’immeuble Katajanokan Laituri, l’ambition est de positionner le bois comme l’avenir du développement urbain.
À travers l’immeuble Katajanokan Laituri, l’ambition est de positionner le bois comme l’avenir du développement urbain. ©Kalle Kouhia

« Le processus pour la construction en bois demande une main-d’œuvre qualifiée très précise, dans la production comme dans la livraison », soufflent les concepteurs. Ce bois est issu de la solution Sylva de Stora Enso, acteur majeur de la bioéconomie mondiale, qui a justement édifié son siège social dans l’immeuble.

L’immeuble au design très épuré abrite par ailleurs un hôtel, des salles de conférences, un restaurant et un café. La façade repose sur une double peau : la couche extérieure en verre, pierre naturelle et aluminium recyclé qui s’intègre parfaitement à l’environnement minéral alentour. Derrière cette couche, le bois révèle sa chaleur et le granit gris finlandais utilisé sur les façades et les pavés à l’intérieur comme à l’extérieur lie le bâtiment au reste de la ville.

La sécurité avant tout

Mais pourquoi construire en bois ? Car son utilisation réduit de 75 % l’émission de gaz à effet de serre par rapport à un bâtiment en béton de même envergure. Les éléments de structure stockent ainsi environ 6 000 tonnes de dioxyde de carbone, captées par les arbres au cours de leur croissance.

L’immeuble au design très épuré abrite par ailleurs un hôtel, des salles de conférences, un restaurant et un café.
L’immeuble au design très épuré abrite par ailleurs un hôtel, des salles de conférences, un restaurant et un café. ©Kalle Kouhia

« Dès le départ, le projet a été guidé par l’objectif de minimiser l’impact carbone sur le long terme, notamment dans le choix des matériaux », décryptent Selina Anttinen et Teemu Halme. Par ailleurs, sa conception flexible s’adapte avec souplesse aux usages futurs, l’ambition étant de maximiser sa durabilité avec une polyvalence d’utilisation et une grande adaptabilité des intérieurs.

Un toit végétalisé contribue à atténuer les îlots de chaleur mais également à gérer les eaux de pluie. Celui-ci abrite également des panneaux solaires. Pour toutes ces raisons, Katajanokan Laituri vise l’obtention de la certification LEED Platinum, plus haut niveau de distinction des bâtiments durables.

En Finlande, même les buildings sentent bon la forêt !
En Finlande, même les buildings sentent bon la forêt ! ©Kalle Kouhia

Est-ce pour autant un bâtiment safe ? « Il a été subdivisé en plusieurs compartiments coupe-feu et est équipé d’un système de sprinklers. Des simulations incendie ont été réalisées pour garantir la sécurité », tiennent à rassurer les architectes, qui ont évidemment anticipé tous les risques. Récompensé par le Prix finlandais du bois 2024, l’immeuble est lauréat du 7e Prix International Architecture Bois 2025 qui distingue les réalisations les plus remarquables en Europe. C’est beau, c’est grand et ça sent bon. Littéralement.

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