Impression, soleil levant. Le tableau qui donna son nom au mouvement impressionniste fut peint au Havre par Monet en 1872. Cent quarante-cinq ans plus tard, la cité normande ne ressemble guère à celle tant de fois représentée par Corot, Courbet ou Turner. Bombardée par les Alliés, détruite par les nazis, la ville n’est plus que ruines au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Sa reconstruction est confiée en 1946 à l’atelier d’Auguste Perret. L’architecte met en pratique sa théorie du « classicisme structurel » et sa foi en un matériau : le béton armé. Non seulement il invente des logements d’une modernité inégalée (espaces modulables, cuisines ouvertes…), mais il apporte au Havre une unité et une identité.
L’église Saint-Joseph, classée monument historique en 1965, ne fait pas exception : elle est érigée avec ce matériau aussi robuste que modeste. « Mon béton est plus beau que la pierre, déclarait Perret. Je le travaille, je le cisèle (…), j’en fais une matière qui dépasse en beauté les revêtements les plus précieux. » Mais l’audace architecturale de la ville ne se résume pas aux bâtiments du maître du béton : elle accueille Le Volcan, une salle de spectacle dessinée par Oscar Niemeyer (l’architecte qui fit sortir de terre Brasília) et inaugurée en 1982, ou un complexe aquatique signé Jean Nouvel, Les Bains des Docks (2008).
Pour fêter dignement ses 500 ans, Le Havre a fait appel à Jean Blaise – directeur artistique à l’initiative de la première Nuit blanche à Paris mais aussi du Voyage à Nantes –, qui a confié les clés de l’événement à une cinquantaine d’artistes (@uneteauhavre). Ainsi, grâce à L’Altoviseur – un rétroviseur géant – de Julien Berthier, aux conteneurs empilés en forme d’arche de Vincent Ganivet ou aux fils rouges de Chiharu Shiota, tissés à l’intérieur de l’église Saint-Joseph, la ville se révèle autrement. Tandis que Pierre et Gilles, fameux duo artistique, s’installent avec tous leurs amis – notamment Étienne Daho ou Madonna, dont les portraits sont devenus iconiques – au MuMa, le musée d’Art moderne André Malraux, avec vue sur la mer.
« Un été au Havre », dans toute la ville jusqu’au 5 novembre. Renseignements sur Uneteauhavre2017.fr