Annecy Paysages : main verte sur la cité lacustre

Depuis vingt ans, Annecy invite des artistes à s’emparer de la rue, de ses espaces naturels et publics. Cet été, le paysage prend l’avantage et devient une zone de dialogue pour des plasticiens de tous horizons, réactualisant du même coup la place du spectateur dans la ville.

Doit-on y voir un glissement de terrain ou juste une bouture sémantique ? Après deux décennies de Noctibules consacrées aux arts du spectacle vivant, suivies de deux années de Déambule, manifestation hybride où le land art a finalement pris l’ascendant sur les arts de la rue, voici qu’Annecy Paysages première édition s’installe en un foisonnant parcours botanico-arty sur les rives du lac.

À l’initiative, on retrouve Bonlieu Scène nationale et la ville, qui portent ensemble ce festival de création contemporaine cultivée dans les espaces naturels. Ça commence par La Grande Balade du 30 juin, soirée inaugurale, poétique et festive, au gré de laquelle on pourra découvrir les 22 interventions de plasticiens, paysagistes, architectes et designers, parfois formés en collectifs, qui s’inscriront dans la cité pour les deux mois à venir.

Les balançoires géantes de « Bal-ysage », un projet des architectes Pierre Laurent & Nicolas Grun, fondateurs de l’agence Les Nouveaux Voisins.
Les balançoires géantes de « Bal-ysage », un projet des architectes Pierre Laurent & Nicolas Grun, fondateurs de l’agence Les Nouveaux Voisins. ©William Pestrimaux

L’écologie urbaine comme toile de fond d’un immense corps-à-corps artistique ? « En fait, cette idée autour du paysage est en germe depuis mon arrivée à Bonlieu en 1998, confie Salvador Garcia, directeur artistique de l’événement et responsable du casting de créateurs, qui doit correspondre avec les lieux attribués. Annecy a pris son temps, mais aujourd’hui elle subventionne à double titre la manifestation, qui reste entièrement gratuite. »

« Laocoon » d’Angela Kornie.
« Laocoon » d’Angela Kornie. ©Angela Kornie

Entre créations in situ et itinéraires pédagogiques, on coche déjà Question de sommets, les flèches de Bob Verschueren durablement installées dans les jardins de l’Europe (l’artiste belge confirme une « résidence » pérenne au sein du parc) ; le reflet des Origamis géants d’Antoine Milian sur les eaux du Thiou ; ou encore le potager planté au milieu du parc Charles-Bosson par le collectif Cultures Urbaines.

« Un potager dans la ville » du collectif Cultures Urbaines.
« Un potager dans la ville » du collectif Cultures Urbaines. ©Cultures Urbaines

La région ne manquant pas d’étoilés, un repas gastronomique clôturera la manifestation. Car c’est toute la pertinence de cette main basse artistique qui, en plus d’aborder les relations entre paysage et citoyenneté, mobilité et durabilité, questionne la dimension du comestible ou encore la place de l’art dans l’écosystème urbain. Un arbre qui pose une forêt de questions.

> Annecy Paysages. 22 installations dans la ville, du 30 juin au 2 septembre. Annecy-paysages.com

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