Figure tutélaire du design nordique, le designer et architecte finlandais a su associer au style international, des silhouettes douces, des matériaux naturels, et la nature. Retour sur la carrière d’Alvar Aalto, grand maître de l’architecture du XXe siècle.
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Figurant parmi les pionniers de l’architecture et du design modernes, Alvar Aalto (1898-1976) obtient son diplôme d’architecte à l’Institut de technologie d’Helsinki (qui sera plus tard intégré à l’Université Aalto) en 1921. Il ouvre alors son premier cabinet d’architecture à Jyväskylä et embrasse les principes du classicisme nordique, style prédominant à cette époque.
À la fin des années 20 et au début des années 30, il effectue, avec sa première épouse Aino Marsio, également architecte, plusieurs voyages en Europe.
Dans un esprit d’exploration studieuse, ils découvrent l’Italie pour leur lune de miel. On sent l’influence de ce pays dans les intérieurs du club des travailleurs de Jyväskylä, le premier bâtiment en maçonnerie d’Alvar Aalto. Ses pérégrinations vont lui permettre de se familiariser avec les dernières tendances du modernisme, le style international.
Alvar Aalto va à son tour adopter cette grammaire, ce qui lui permet de se faire connaître sur la scène internationale, notamment grâce au Sanatorium de Paimio (1929-1933). Dès la fin des années 30, l’expression architecturale des bâtiments d’Aalto va toutefois s’enrichir de formes organiques, de matériaux naturels et d’une liberté croissante dans la gestion de l’espace.
A la même époque, il s’offre une maison à Munkkiniemi à Helsinki, où il vit jusqu’à la fin de ses jours. Achevée à l’automne 1936, elle était une sorte de précurseur du manifeste qu’Alvar Marsio-Aalto a finalement mis en place dans la Villa Mairea, maison conçue pour ses amis Maire et Harry Gullichsen.
Ce bâtiment combine des matériaux et un vocabulaire modernes, tout en y associant tradition et nature d’une manière entièrement nouvelle.
L’utilisation de l’environnement naturel comme point de départ pour ses créations devient alors la marque de fabrique d’Aalto. Il l’applique aussi bien à l’urbanisme qu’à la construction sociale ; la communauté d’usine Sunila qui a débuté à la fin de la décennie en est un bon exemple.
A cette même époque, il évoque sa volonté de traiter chaque bâtiment comme une œuvre d’art totale, des mobiliers aux luminaires. Il crée Artek en 1935 avec son épouse Aino Marsio (disparue en 1949), afin de promouvoir la production et les ventes croissantes des meubles de son cru.
Pour ce qui est du design, Aalto manifeste un certain intérêt pour le verre car il est possible de manipuler le matériau d’une manière nouvelle et de le façonner. Sa victoire au concours de design de verrerie Karhula-Iittala en 1936 donne d’ailleurs naissance au célèbre vase “Savoy”, conçu avec Aino Marsio-Aalto.
Parmi les autres merveilles de son répertoire, le célébrissime tabouret à trois pieds “Stool 60”, le paravent « Screen 100 » et l’élégant fauteuil “Paimio” pensé pour le sanatorium du même nom.
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Après avoir voyagé aux États-Unis en 1938 et 1939, il s’intéresse à la standardisation. A cette occasion, il accentue sa référence à la nature en évoquant la possibilité de combiner des cellules ensemble. Il concentre alors ses recherches sur le potentiel des formes organiques et, sur cette base, il conçoit le pavillon de l’Exposition universelle de New York.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il s’offre son tout premier bâtiment à l’étranger, le dortoir des étudiants du MIT. Il y poursuit sa réflexion sur les formes organiques interrompue par la guerre.
L’occasion pour lui de découvrir une nouvelle façon d’utiliser la brique, qu’il expérimente à la Muuratsalo Experimental House. Il va jusqu’à dessiner des modèles particuliers, dont un sera utilisé dans la construction de la Maison de la culture à Helsinki en 1958, où les lignes fluides sont perçues comme la suite du vase en verre de forme libre qu’il a conçu en 1936.
Le Finlandais s’offre aussi une incursion française, avec la Maison Louis Carré, à quelques kilomètres de Paris, à Bazoches-sur-Guyonne.
À partir des années 50, Aalto va principalement se concentrer sur la conception de bâtiments publics, tels que l’hôtel de ville de Säynätsalo (1948-1952) et l’Institut pédagogique de Jyväskylä, aujourd’hui l’Université de Jyväskylä (1951-1957).
Il officie aussi dans des plans directeurs de conception urbaine comme le centre civique de Seinäjoki (1956-1965/87), le centre-ville de Rovaniemi (1963-1976/88) et le centre administratif et culturel de Jyväskylä (1970-1982). On lui doit également plusieurs églises, dont une en Italie, livrée en 1980.
Chose surprenante, il finit par abandonner la présidence de l’association des architectes de Finlande, fortement critiqué par la jeune génération d’architectes qui lui reprocher son élitisme. Pas de quoi entacher son parcours néanmoins puisqu’Alvar Aalto demeure à ce jour le plus renommé des architectes et designers finlandais.
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