L’agenda de l’art contemporain reprend son rythme saisonnier et, avec lui, ressurgissent les styles, comme autant de come-back dans l’histoire de l’art. Ainsi a-t-on pu assister au retour de Jeff Koons en Grande-Bretagne lors de l’inauguration du second espace d’Almine Rech à Londres, à Grovesnor Hill (Mayfair), au moment même où la foire Frieze London célébrait les années 90 avec une section dédiée (« The Nineties »).
La grande galeriste française Almine Rech inaugure donc son cinquième lieu avec des productions récentes de Jeff Koons. Certaines ont déjà été vues lors de la rétrospective du Centre Pompidou, en 2015, mais restent majeures, tant elles reflètent l’obsession de nos sociétés pour l’image. Aux côtés de sa Seated Ballerina (2010) en acier inoxydable à la finition poli miroir (ci-dessous), on pourra voir la série des « Gazing Balls » : des reproductions (huiles sur toile ou plâtres) d’œuvres phares de l’histoire de l’art, de Giotto à François Boucher, toutes affublées d’une boule bleue en verre et en aluminium, mais réfléchissante, une caractéristique de son œuvre depuis la série « Celebration » avec les fameux Balloon Dogs.
Des œuvres hybrides donc et vertigineuses aussi. Elles renvoient simultanément à l’image de perfection immuable que véhiculent ces chefs-d’œuvre ayant traversé les époques, de la Renaissance au XVIIIe siècle, ainsi qu’à celle du spectateur qui regarde l’œuvre et s’y reflète littéralement.
Mais elles renvoient aussi à l’image de l’artiste Jeff Koons, lui-même canonisé par l’histoire de l’art grâce à ses sculptures et ses peintures remix des icônes du consumérisme (les aspirateurs de la série « The New ») ou de l’érotisme (la mise en scène de son ex-femme, la Cicciolina, dans « Made in Heaven ») devenues des objets d’art… cultes. Une pratique qui s’inscrit dans l’héritage des œuvres iconoclastes de Marcel Duchamp et d’Andy Warhol.
« Jeff Koons ». Almine Rech Gallery. 11 Savile Row, Londres, jusqu’au 21 janvier 2017. www.alminerech.com