Alice Hagger (Made.com) : « Nous ne sommes ni médecins ni infirmiers, mais nous savons faire des meubles utiles »

En dix ans d’existence, Made.com a su s’imposer parmi comme un des ténors du mobilier et de la décoration en ligne. Loin de s’endormir sur ses lauriers, le site britannique continue d’affiner une ligne éditoriale disruptive avec des projets originaux. Et sa nouvelle directrice, Alice Hagger, compte bien conforter son positionnement intermédiaire.

L’année 2020 n’était sans doute pas la meilleure pour prendre ses fonctions… Pourtant, Alice Hagger, directrice de l’éditeur de mobilier Made.com, reste enthousiaste. Positive, même. « La Covid 19 n’a pas vraiment bousculé nos plans, elle les a juste accélérés », confie la jeune femme, nommée en juillet 2019 à la tête d’une toute nouvelle équipe. Chargée de développer l’implantation de l’éditeur (entamée depuis cinq ans sur le territoire français), pas question pour elle de déroger à ses objectifs initiaux : « Je veux faire connaître la colonne vertébrale de l’entreprise. Beaucoup de gens nous prennent encore pour un site multimarques et ignorent qu’on fait tout en interne, de la conception à la fabrication. Chaque pièce est produite à la commande et souvent réalisée à la main. »

Made.com et le design social

Vendu en ligne, le fabricant se passe de nombreux intermédiaires, mais aussi de stock, et maîtrise les chaînes de création et de production pour sortir des pièces qualitatives à un prix raisonnable. Un positionnement original sur un marché du meuble très polarisé entre les grandes enseignes à bas prix et les éditeurs de design haut de gamme. Fonctionnant sans entrepôts à gérer, Made.com aura moins souffert que d’autres de la crise sanitaire. Et avec pour slogan « Vous allez aimer être chez vous », autant dire que l’éditeur colle même parfaitement au contexte. « Les gens se sont rendu compte qu’ils allaient passer plus de temps dans leur intérieur, alors nous n’avions pas de raison de changer notre façon de nous raconter. En revanche, nous nous sommes dit qu’il fallait que nous soyons plus utiles », explique Alice Hagger. Pendant le confinement, l’entreprise décide ainsi de troquer ses budgets d’investissement marketing (principalement des partenariats avec des influenceurs) par des dons de produits aux hôpitaux et aux maisons de retraite.

« Nous ne sommes ni médecins ni infirmiers, mais nous savons faire des lits d’appoint et des meubles qui peuvent être utiles. Notre grille de lecture du marketing d’influence a changé. Nous avons pris le parti d’être plus présents dans la société », confie la directrice, qui annonce en outre un nouveau partenariat entrepris ces derniers mois avec Les Résilientes, le studio de design de l’association Emmaüs Alternatives. La jeune designer Eugénie de Larivière est à l’initiative de cette structure de réinsertion, qui aide des personnes au parcours cabossé à retrouver l’estime de soi par la fabrication d’objets à la main.

Bleu folk et Disco Diva

« Je l’ai rencontrée en décembre 2019 et on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire, raconte Alice Hagger. Car elle est toujours en quête de matières premières pour ses équipes et, moi, j’ai des showrooms avec un turnover de pièces d’exposition et quelques retours de marchandise abîmée lors des livraisons. » Fruit de cette collaboration inattendue, une première collection « Made x Les Résilientes » a été exposée dans le showroom parisien pendant les trois semaines précédant une vente aux enchères en janvier dernier.

Entre temps, la nouvelle dirigeante nous invite à passer les fêtes sous le signe des deux collections automne/hiver 2020 mises en ligne : « Il y a d’abord “Bleu Folk”, qui réunit des produits d’inspiration scandinave pour une ambiance très hygge. Et “Disco Diva”, avec des pièces un peu bling-bling parmi lesquelles on peut piocher quelques idées pour le réveillon. Et Dieu sait combien on a envie de croire que 2021 sera plus sympa que 2020 ! » Alice Hagger a de bonnes raisons de rester optimiste, car en affinant son business-modèle avec des projets altruistes, Made.com pourrait bien sortir de la crise par le haut. Grâce à ses actions très concrètes, en prise directe avec la société, la marque en ligne compense intelligemment l’aspect dématérialisé de son activité. Et c’est bien joué !

> Deux showrooms en France : 52, rue Étienne-Marcel, 75002 Paris / 11 bis, rue Jarente, 69002 Lyon.

Les dernières collections de Made.com, « Bleu Folk » et « Disco Diva », sont à découvrir sur le site de l’éditeur. Certaines pièces finiront peut-être à l’hôpital ou dans une maison de retraite puisque la marque mise désormais sur un marketing altruiste.
Les dernières collections de Made.com, « Bleu Folk » et « Disco Diva », sont à découvrir sur le site de l’éditeur. Certaines pièces finiront peut-être à l’hôpital ou dans une maison de retraite puisque la marque mise désormais sur un marketing altruiste. DR
Alice Hagger (à gauche), la nouvelle directrice de l’équipe Made.com en France, a compris que le développement du label devait passer par la prise en compte des dimensions sociale et écologique, à travers le recyclage de matériaux voués à être jetés, mais réutilisés par les employés de l’association de réinsertion Emmaüs Alternatives. A droite : La designer Eugénie de Larivière à la tête de Les Résilientes, un studio de design du chantier d’insertion Emmaüs Alternatives. qui a pour objectif de « revaloriser les gisements d’objets ou de matières impropres à la vente, tout en faisant de l’insertion professionnelle par la créativité ».
Alice Hagger (à gauche), la nouvelle directrice de l’équipe Made.com en France, a compris que le développement du label devait passer par la prise en compte des dimensions sociale et écologique, à travers le recyclage de matériaux voués à être jetés, mais réutilisés par les employés de l’association de réinsertion Emmaüs Alternatives. A droite : La designer Eugénie de Larivière à la tête de Les Résilientes, un studio de design du chantier d’insertion Emmaüs Alternatives. qui a pour objectif de « revaloriser les gisements d’objets ou de matières impropres à la vente, tout en faisant de l’insertion professionnelle par la créativité ». DR