L’architecture intérieure, chez Aesthé, c’est du sérieux. En témoignent l’impressionnante réflexion derrière l’aménagement de l’adresse, logique et inédit à Paris, et la présence surprise de Romain Freychet, architecte des lieux, convié par Anne-Charlotte Rousseau, lors de notre visite.
A la façon d’une veste si bien taillée qu’elle disparait sur nos épaules, les trois étages de ce nouveau centre de médecine esthétique s’articulent naturellement. Leurs apparats ont, eux aussi, été pensés pour répondre à leurs fonctions.
Aesthé : rendre accessible la médecine esthétique
« En France, les réponses apportées restent très conservatrices par rapport à une demande et à des problématiques de société qui ont considérablement évoluées » commence Anne-Charlotte Rousseau, fondatrice du centre Aesthé. Avant de continuer : « Je trouve la médecine esthétique formidable mais elle est souvent méconnue, mal connue, chère, élitiste, et également pratiquée de façon variable ». En posant les jalons de son nouveau projet, elle imagine déjà un centre avec pignon sur rue, comme une boutique, un lieu « sérieux mais pas intimidant » qui mettrait à la portée de ceux qui le veulent des soins haut-de-gamme.
Cette vision découle d’expériences en demi-teinte. Echaudée mais pas résignée, Anne-Charlotte Rousseau, serial entrepreneuse, a fait d’un manque sur le marché sa force. Son idée ? Proposer une approche décomplexée de la médecine esthétique tout en s’éloignant des codes du genre et, surtout, du luxe. « Les gens autour de moi m’avouaient souvent avoir envie de tester la médecine esthétique mais sans oser franchir le pas ». Si la peur de l’acte prévaut, la froideur des cabinets étaient également largement pointée du doigts par les réticents.
De l’importance de l’apparence
En 2022, chaque espace parisien a pour vocation première d’attirer l’œil, d’une boutique de vêtements à un mini restaurant. Anne-Charlotte Rousseau nous corrige : « nos espaces se sont vraiment construits autour de leurs objectifs respectifs. » Néanmoins, le centre a été imaginé avec une ouverture directe sur la rue et de larges fenêtres décorées de pièces design afin d’attirer les regards…
« Comment faire vivre le lieu pour qu’il s’éloigne d’un environnement purement médical, aseptisé, auquel le client s’attend ? » Telle est la question qu’a posée Anne-Charlotte Rousseau à son architecte Romain Freychet dès les prémices du projet. Drôle d’histoire, le duo s’est rencontré autour de sanitaires design Trone, marque cofondée par le jeune homme. « J’ai su dès le début que Romain était la bonne personne pour s’occuper d’Aesthé car Trone incarne nos valeurs : c’est un produit presque tabou interprété avec assez de finesse pour rendre son luxe totalement accessible. » Egalement à la tête de l’agence d’architecture Gramme, c’est tout naturellement qu’il a planché sur la première adresse Aesthé.
Un cas d’école
Outre-Atlantique, il n’est pas rare de croiser des cabinets de médecine esthétique aux allures de concept-store. Ça l’est beaucoup plus en Europe. Ainsi, Aesthé avait carte blanche pour imposer sa vision des choses.
D’abord, on a supprimé toute notion de luxe : les protocoles dépassent pour la plupart 200 € — à renouveler — et les machines utilisées sont évidemment dernier cri. Pourtant, aucun des étages n’intimident. De l’accueil, qui évoque celui d’un spa à la californienne, à la salle d’attente du premier étage où les sièges sont en plastique — mais confortable ! —, aucun recoin ne donne l’envie de ronger ses ongles. Au contraire, on resterait bien se servir du café à l’infini, à bouquiner le choix pointu de revues à disposition.
De l’ancien showroom Sentou qui occupait les lieux, on ressent une attraction particulière pour le design contemporain. Des Wiggle chairs de Frank Gehry aux tabourets Bold de Moustache en passant par les assises rouges et dodues d’inspiration seventies, le mobilier fait la part belle aux matières organiques et à la couleur. Dans un écrin épuré — les pierres d’origine ont été grattées et le carreau blanc est un leitmotiv —, ces ponctuations joyeuses confirment la volonté d’Aesthé de se rendre accessible, même par sa décoration.
Grande amatrice d’art, Anne-Charlotte Rousseau n’a pas pu faire l’impasse sur sa passion pour décorer les murs de son nouveau projet. Si certaines pièces n’auraient pas eu leur place chez elle, elle avoue aimer se projeter dans des univers qui ne lui sont pas familiers. Ainsi, on retrouve Keith Haring sur les murs aux côtés d’artistes émergents travaillant tout autant la couleur, tantôt abstraite ou figurative.
Et la médecine esthétique dans tout ça ?
Parce que le design est bien sûr au service de la médecine esthétique, le parcours client est naturel pour celui qui l’emprunte. Le rez-de-chaussée, qui s’articule autour d’un majestueux escalier, accueille le visiteur le long d’un grand comptoir courbé tapissé de bois. Il est ensuite convié au premier étage avec un conseiller qui récoltera les informations personnelles. Puisque cet espace a été pensé dans un esprit de convivialité, café, thé et autres jus sont à disposition , de même qu’un espace de démaquillage et de toilettes siglées Trone.
La consultation commence à l’étage par une photographie ultra HD du visage qui permet un premier diagnostic, complété par l’appui d’un médecin qui répond aux problématiques. Les soins en tant que tels (lasers, injections et autres protocoles avant-gardistes) s’effectueront au sous-sol, dans des cocons intimistes aux murs de pierres bruts.
Après sa séance, le visiteur pourra (re)venir se détendre à l’étage… et pourquoi pas y passer l’après-midi !
> Aesthé. 29 Rue François Miron, 75004 Paris.