Villa Carmignac : plongeon sensoriel dans le vertige de l’art

À la Villa Carmignac, l’exposition "Vertigo" orchestre une transe picturale en 50 œuvres XXL. De Bridget Riley à Gerhard Richter, les formats panoramiques et les vibrations colorées aspirent le visiteur dans une expérience sensorielle proche du vertige. Une plongée picturale où la perte de repères devient plaisir.

Qui dit « Vertigo » pense Hitchcock, et ce film légendaire dans lequel le héros, incarné par James Stewart, souffre de la peur du vide. Pour Matthieu Poirier, commissaire de l’exposition du même nom, « Vertigo » est lié à « la sensation de flottement, d’éblouissement provoqué par le soleil, le vent, la force des éléments… » Une expérience que ce natif des Hauts-de-France a vécue ici, à Porquerolles, loin de l’image de carte postale traditionnellement associée à la Villa Carmignac, joyau de la Méditerranée.


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Visions telluriques

À la manière de Monet lorsqu’il entame la série des Nymphéas, tentant de reproduire la perception plutôt que la représentation, Matthieu Poirier a pour ambition d’établir un dialogue subjectif avec le paysage. Il a donc conçu un parcours comme « une dissolution dynamique à travers différents courants artistiques, jusqu’à l’abstraction », riche d’une cinquantaine d’œuvres, exécutées de 1950 à nos jours par une quarantaine d’artistes.

Frank Bowling, Hello Rosa New York, 1973.
Frank Bowling, Hello Rosa New York, 1973. 2025

Ce sont principalement des peintures, car elles reflètent mieux la fluidité de la matière, choisies pour « submerger le champ de vision du spectateur ». Les formats des tableaux de Bridget Riley, de James Turrell ou de Gerhard Richter sont donc panoramiques. Et face à ces œuvres, dont l’échelle dépasse l’entendement (Hello Rosa New York, de Frank Bowling, mesure 3 x 7 mètres), le spectateur perd ses repères.

Plongée dans l’infini

« Que se passe-t-il quand on lâche prise, quand on accepte ce vertige ? », questionne Matthieu Poirier. Au gré des turbulences atmosphériques, nous explorons l’aquatique, le cosmogonique, l’aérien, l’infini et le terrestre, les cinq chapitres qui articulent cette exposition, développant chacun un registre visuel lié au paysage.

Gerhard Richter, Abstract painting, 2009.
Gerhard Richter, Abstract painting, 2009. 2025

Vibrations de la couleur, voyages cosmiques, jeux optiques, infinis célestes… cette expérience au cœur du maelström se déroule autour d’Esfera Amarilla, l’une des pièces maîtresses de Jesús Rafael Soto, figure emblématique de l’art cinétique, célèbre pour ses Pénétrables.

Cette installation, composée de tiges métalliques et de fils en Nylon suspendus dans l’espace, trône au centre de la Villa Carmignac, accentuant la sensation de désorientation provoquée par l’ensemble de ces tableaux, qui marient beauté et effroi. La définition du sublime ?

> « Vertigo ». À la Villa Carmignac, piste de la Courtade, île de Porquerolles, 83400 Hyères, jusqu’au 2 novembre. Fondationcarmignac.com


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