L’Estonie est un petit pays (1,3 million d’habitants) au charme colossal et à l’histoire mouvementée. Dans le passé, les occupations successives le disputent aux déplacements de populations. L’ennemi a été successivement suédois, allemand, finlandais et russe. Après l’éclatement de l’Union Soviétique, l’Estonie est devenue indépendante en 1991, coincée entre Finlande, Baltique et Russie.
Avec le développement économique du pays, l’idée d’un musée dédié à l’identité nationale chemine. Un concours d’architectes est lancé au début des années 2000. Les jeunes architectes de DGT Architects le remportent devant une centaine de propositions, la plupart locales. Le trio a gagné en déplaçant son projet dans un lieu plutôt excentré, une ancienne base aérienne soviétique. Aujourd’hui, les 354 mètres de long du musée s’étirent dans le prolongement de la piste d’atterrissage. Visuellement et symboliquement, c’est très fort !
En 2008, le projet prend forme, mais la crise financière le freine. L’Estonie demande des subsides aux institutions européennes mais Bruxelles refuse car le musée ne lui semble pas assez international. L’Estonie financera donc seule les 75 millions d’euros du projet. Lequel repart en 2013. Fin 2016, DGT livre finalement un bâtiment modulable, susceptible d’évoluer au gré des différentes missions culturelles, du prochain festival du documentaire au club de jazz du vendredi soir. « Le musée est loin d’être un pur geste architectural, il est parfaitement fonctionnel », jubile Kaarel Tarand, porte-parole du musée, en ouvrant une porte avec son empreinte digitale.