À Royan, le retour en grâce des années 50 par Florence Deau

Lovée dans l’estuaire de la Gironde, la station balnéaire abrite de nombreux trésors architecturaux de l’après-guerre, longtemps mésestimés mais finalement reconnus par le label « Ville d’art et d’histoire » décerné en 2011. Parmi ceux-ci, un ancien bâtiment des ponts et chaussées que la décoratrice d’intérieur Florence Deau a su magnifier.
Photos Albert Font

Détruite à 85 % par les bombes alliées en janvier 1945, Royan reprend pied dans les années 50 sous l’égide de l’architecte et urbaniste Claude Ferret, à qui l’on confie la mission de redessiner la ville. Entouré d’une centaine d’architectes de l’école de Bordeaux, il mène ce projet à bien en une dizaine d’années. Devenue à la mode dans les années 60, la station balnéaire tombe ensuite dans l’oubli avant de susciter un regain d’intérêt à l’orée du XXIe siècle. Appréciée aujourd’hui à sa juste valeur, on parle d’elle comme d’un patrimoine architectural à redécouvrir.

Florence Deau, décoratrice d’intérieur et blogueuse design, a redonné vie à ce lieu emblématique.
Florence Deau, décoratrice d’intérieur et blogueuse design, a redonné vie à ce lieu emblématique. Albert Font

C’est la décoratrice d’intérieur Florence Deau, également blogueuse design, qui nous raconte la ville et nous ouvre les portes d’une des maisons emblématiques de cette époque. Passionnée d’architecture et de photographie, très liée au réseau Instagram, elle apprécie en particulier les matières et les formes. Après une dizaine d’années passées aux quatre coins du monde, la décoratrice est revenue à sa terre natale avec mille et un projets.

Les rééditions des fifties se mêlent ici à des détails déco plus contemporains.
Les rééditions des fifties se mêlent ici à des détails déco plus contemporains. Albert Font

Récemment, lorsqu’un entrepreneur dans l’immobilier, passionné par le vin et la gastronomie, lui a proposé de revisiter un ancien bâtiment administratif resté longtemps à l’abandon et dont il s’était porté acquéreur, elle n’a pas eu d’hésitation. Appartenant aux Ponts et Chaussées, la structure comprenait un garage et des remises au niveau de la rue, des bureaux au premier étage et un logement de fonction au deuxième.

Sur la cheminée, chouettes attendant la tombée de la nuit…
Sur la cheminée, chouettes attendant la tombée de la nuit… Albert Font

Après l’achat, sa destination n’a changé qu’en partie. Au rez-de-chaussée, Florence Deau a conçu une cave à vin avec un espace de restauration, Cave 1950, et, au deuxième étage, un appartement privatif investi par le propriétaire, qui déclare être tombé amoureux du lieu. « Depuis quelques années, les acteurs de la ville s’attellent à la protection et à la mise en valeur de son patrimoine architectural. C’est le cas de ce bâtiment désormais considéré comme une référence. Restauré à l’identique, il a repris sa force et toute son identité. Ce fil rouge traverse l’intérieur, où la tendance années 50 est très présente tout en s’ouvrant sur des propositions plus actuelles», affirme la décoratrice. L’accès à l’appartement se fait par une volée de marches d’époque éclairée par une paroi en brique de verre. Dedans, c’est la lumière qui donne le ton à toute heure et par tous les temps, pendant que l’Océan dessine au loin la ligne d’horizon.

L’entrée de l’immeuble, avec ses panneaux en noyer habillant les murs, communique avec Cave 1950, la cave à vin avec espace de restauration qui occupe le rez-de-chaussée du bâtiment. Le carrelage au sol (Appiani) a été imaginé par Florence Deau en résonance avec les briques de verre des ouvertures. Applique Foglio, de Tobia Scarpa (Flos).
L’entrée de l’immeuble, avec ses panneaux en noyer habillant les murs, communique avec Cave 1950, la cave à vin avec espace de restauration qui occupe le rez-de-chaussée du bâtiment. Le carrelage au sol (Appiani) a été imaginé par Florence Deau en résonance avec les briques de verre des ouvertures. Applique Foglio, de Tobia Scarpa (Flos). Albert Font

Tous les espaces ont gardé leur distribution initiale. Le couloir d’entrée divise les parties jour et nuit. La seule modification concerne le mur de séparation entre la cuisine et la zone de repas, supprimé pour donner davantage d’ampleur et permettre une meilleure circulation. À la place, Florence Deau a créé un agencement ajouré, sorte de damier en métal et en plaques de bois qui garde la transparence tout en dissimulant les éléments techniques de la cuisine.

Dans le coin repas, table Yolo de chez AM.PM, chaises June, de Frank Rettenbacher (Zanotta), suspensions de Franz Hefner et Rolf Günther (Him+Her), vaisselle Turbulence, de Justin Landon (1882 Ltd), bénitier ancien et tapis Transform de Ligne Pure. Au fond, fauteuil AA Le Lhassa d’Airborne.
Dans le coin repas, table Yolo de chez AM.PM, chaises June, de Frank Rettenbacher (Zanotta), suspensions de Franz Hefner et Rolf Günther (Him+Her), vaisselle Turbulence, de Justin Landon (1882 Ltd), bénitier ancien et tapis Transform de Ligne Pure. Au fond, fauteuil AA Le Lhassa d’Airborne. Albert Font

Spacieuse, rationnelle et entièrement réalisée sur mesure, cette dernière a été pensée pour le maître des lieux, qui, fin gourmet, aime inviter ses amis.

Home chez Florence Deau à Royan

Dans la partie jour, la cheminée est conçue comme un point d’ancrage : s’élevant du sol au plafond, elle exhibe une allure sculpturale soulignée par un appareillage de pierres jointées typique de la région. L’espace à vivre se développe tout autour et ouvre sur la terrasse avec vue sur l’Océan. Il s’en dégage une atmosphère puissante et paisible où émergent les nuances chaudes du marron, de l’écru et du blanc. De belles pièces d’antiquaire des années 50 y alternent avec du mobilier contemporain, choisi dans le même esprit.

Dans le séjour, la cheminée d’origine impose sa présence. Canapé Prado, de Christian Werner (Cinna), fauteuil Polygon, de Numen/For Use (Prostoria), tables basses Nero, de Dialect (Serax), lampadaire Task d’Original BTC et tapis Linie Design.
Dans le séjour, la cheminée d’origine impose sa présence. Canapé Prado, de Christian Werner (Cinna), fauteuil Polygon, de Numen/For Use (Prostoria), tables basses Nero, de Dialect (Serax), lampadaire Task d’Original BTC et tapis Linie Design. Albert Font

Côté nuit, toutes les chambres sont de taille relativement réduite. Meublées sur mesure, elles affichent une tonalité estivale, ravivée par des textiles vintage aux couleurs affirmées. Atmosphère Royan 1950 assurée ! On peut dire que Florence Deau a remporté son pari.

Cette chambre d’inspiration marine affiche également des teintes de bleu de chez Farrow & Ball. Recherche du détail avec les interrupteurs en Bakélite de la gamme 1930 de Hager, les serre-livres d’époque en ébène et bronze nickelé dessinés par Jacques Adnet et la poterie bleue de Pol Chambost. Au-dessus du lit, sculpture en métal Habitat.
Cette chambre d’inspiration marine affiche également des teintes de bleu de chez Farrow & Ball. Recherche du détail avec les interrupteurs en Bakélite de la gamme 1930 de Hager, les serre-livres d’époque en ébène et bronze nickelé dessinés par Jacques Adnet et la poterie bleue de Pol Chambost. Au-dessus du lit, sculpture en métal Habitat. Albert Font