A l’heure où l’artisanat infuse toute la création contemporaine, du design à l’art, les curatrices Bianca Lee Vasquez et Masha Novoselova livrent leur version de ce mouvement dans leur Sainte Anne Gallery. Dans ce petit espace sur deux niveaux, situé au cœur du quartier japonais, « un environnement peu porté sur la création contemporaine », selon les fondatrices, loin du Marais ou de Saint-Germain, elles veulent associer art et nature dans des expositions temporaires.
Jamais de fleurs coupées à la Sainte Anne Gallery
« Nous allons proposer une démarche expérimentale en associant, parfois littéralement, art et nature. La première exposition montrera par exemple de la vaisselle sur laquelle vont pousser des algues. Et, à l’étage, nous proposerons toute l’année des plantes et des pièces de mobilier vintage. En revanche, on n’y verra jamais de bouquets de fleurs coupées car nous sommes une ode au vivant », détaille Bianca Lee Vasquez.
C’est au rez-de-chaussée que leur curation sera la plus personnelle. Les deux femmes, Bianca, artiste d’origine cubaine, et Masha, d’origine russe, vont inviter des créateurs qui façonnent avec leurs mains : les sculptures aux formes organiques de Berta-Blanca Ivanow ou les céramiques d’Aurore Piette. Celle-ci place à marée basse, dans l’eau, des moules fabriqués à la main et fixés avec des cordes.
« Nous nous intéressons à la création contemporaine »
De ce jeu entre l’eau, le vent et la matière puis de la cuisson au four vont naître des formes étonnantes… « Nous nous intéressons à la création contemporaine basée sur des traditions primitives, comme le tissage ou le travail de la terre. Nous n’exposerons pas de travail conceptuel, nous aimons trop la main », insiste Blanca.
Une curation radicale qui tournera donc le dos à la peinture et à la photo, « des mediums qui ont pris trop de place dans l’histoire de l’art récente ». Ainsi, leur première exposition collective baptisée « Granum » s’intéressera à la production d’artistes d’Aubervilliers et d’Ivry qui travaillent la céramique. Et, en septembre, la galerie accueillera un couple de danseurs qui viendra vivre et investir l’espace durant une semaine dans un esprit de défrichage permanent.
> Sainte Anne Gallery. 46, rue Sainte-Anne, 75002 Paris. Instagram.com/ sainteannegallery/