À Oman, Atelier Pod signe un hotel spectaculaire à 2400 mètres d’altitude

Dans le décor surnaturel des monts Hajar, véritable épine dorsale de la péninsule arabique, l’architecte franco-marocain Lotfi Sidirahal, à la tête d’Atelier Pod, a réalisé un « resort » récompensé par le prix Versailles du « meilleur hôtel d’Afrique et d’Asie de l’Ouest » soutenu par l’Unesco. Rencontre avec un bâtisseur qui voit loin.

Perché à 2 400 mètres sur le Saiq, un plateau bordé de canyons abrupts et de vallées encaissées, le djebel Akhdar, « la Montagne verte », qui en marque l’une des frontières naturelles, est un site tellement hallucinant que la construction d’un hôtel n’y avait rien d’évident. Et semblait même une entreprise hasardeuse, à flanc de falaise, à plus de deux heures de Mascate, la capitale du sultanat d’Oman, par une route – certes parfaitement goudronnée – mais que seuls les véhicules 4 x 4 peuvent emprunter tant la pente est raide.

L’Al Jabal Al Akhdar Resort de l’architecte Lotfi Sidirahal culmine en bordure du plateau du Saiq, dans le paysage aussi majestueux que minéral du sultanat d’Oman.
L’Al Jabal Al Akhdar Resort de l’architecte Lotfi Sidirahal culmine en bordure du plateau du Saiq, dans le paysage aussi majestueux que minéral du sultanat d’Oman. DR

Familier de la marque hôtelière Anantara, pour laquelle il a déjà porté plusieurs projets, Lotfi Sidirahal ne pouvait renoncer à une aussi belle occasion de concrétiser un rêve. Bâtir en paysage hostile « le plus haut resort de luxe du Moyen-Orient » se révélait même un incomparable défi pour cet architecte franco-marocain de 38 ans au parcours prometteur.

Chaque espace est minutieusement pensé et agencé pour accueillir la clientèle du resort.
Chaque espace est minutieusement pensé et agencé pour accueillir la clientèle du resort. DR

Mieux, ce challenge de l’extrême était implicitement inscrit dans l’ADN de son agence, qu’il fonda d’abord en tant que Pod, spécialisée dans le design, avec quatre copains, étudiants comme lui, au sortir de l’École spéciale d’architecture de Paris. Laboratoire influencé par les utopies architecturales radicales des années 60 (celles d’Archigram ou de Yona Friedman notamment), Pod se met à plancher dès 1999 sur les dimensions du nomadisme et de la mobilité « à une époque où la technologie, et particulièrement la téléphonie mobile, allait forcément engendrer de nouvelles façons d’apprivoiser espaces et modes de vie. Notre nom est inspiré de l’idée de capsule, littéralement la cosse du haricot – à l’instar de l’iPod que créa Steve Jobs », commente le cofondateur de ce FabLab dont la vision se voulait sociétale.

La région d’Oman est mise à l’honneur avec la vue panoramique depuis les terrasses de l’hôtel.
La région d’Oman est mise à l’honneur avec la vue panoramique depuis les terrasses de l’hôtel. DR

Ainsi naît leur Nomambule, une bulle gonflable, transportable dans un sac à dos, qui se déploie automatiquement, pour dormir, lire ou travailler n’importe où et sans entrave, « parce que l’architecture ce n’est pas que du bâtiment mais bien l’art de créer de l’espace ». Bien qu’expérimental, le projet emporte rapidement l’adhésion de jurys de design et d’art contemporain au point d’honorer ses auteurs de plusieurs prix prestigieux et de leur ouvrir les portes d’expositions internationales comme à Monaco, au Grimaldi Forum, en Allemagne au  Vitra Design Museum, en Autriche au Kunsthaus Graz, sans oublier Madrid, Boston et Séoul…

Un projet nomade qui a permis à ces architectes en herbe de voir du pays pour les retrouver finalement nommés, en 2001, parmi les « 40 meilleurs architectes de moins de 40 ans », lors des très académiques Premio Borromini Awards, les Oscar de l’architecture, à Rome. Pour capitaliser sur cette notoriété rapide et fulgurante, Lotfi Sidirahal, qui hésite un temps entre l’enseignement et le design d’objet, s’associe un moment avec Gabriel Simoes da Costa au sein de l’agence de design Nebka, qui a pour clients Kenzo, Armani, Clarins ou Guerlain…

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Mais c’est dans la dimension hôtelière que ce passionné de cinéma projette une façon de répondre à ses « envies d’univers à créer où la notion de rêve est primordiale ». Ainsi, de laboratoire d’expérimentation, Pod mute en 2004 en Atelier Pod, une véritable agence d’architecture. Aux yeux de Lotfi Sidirahal, seuls les grands groupes hôteliers internationaux possèdent la puissance de feu adéquate combinée à « une absence totale de complexes quant à trouver les talents où qu’ils soient, à Los Angeles ou à Bombay ».

L’hôtel propose également un spa signature.
L’hôtel propose également un spa signature. DR

Après avoir multiplié les concours, l’agence voit les commandes des grandes enseignes affluer en même temps que leurs cahiers des charges exigeants. L’asiatique Minor – et ses hôtels Anantara, dont les gènes reposent sur un concept de spas haut de gamme –, l’américaine Starwood, la française Accor et, plus récemment, la canadienne Four Seasons sont désormais au palmarès d’Atelier Pod, qui satellise son activité entre Paris, Casablanca, Dubai et Beyrouth afin de satisfaire des commandes de plus en plus complexes.

Une des piscines d’intérieur qu’abrite le site.
Une des piscines d’intérieur qu’abrite le site. DR