Séparés par 2000 ans d’histoire et un simple parvis, les Arènes de Nîmes ont droit à nouveau voisin. Inauguré le 2 juin, le Musée de la Romanité propose aux 350 000 visiteurs annuels du site antique de faire un détour par les collections archéologiques de la ville. Un patrimoine de 25 000 œuvres, dont les 5 000 pièces les plus remarquables s’exposent aujourd’hui dans l’écrin conçu par Elizabeth de Portzamparc.
« Aussi émerveillée que terrifiée par la chance de construire en face des arènes », l’architecte signe « un musée ouvert, en connexion totale avec la ville » grâce à son bar et sa brasserie, qui font face à la place, mais surtout, la rue intérieure qui traverse le rez-de-chaussée pour mener à un jardin archéologique. Des strates chronologiques, illustrant la flore des époques gauloises, romaines et médiévales, dans un paysage accessible aux visiteurs comme aux promeneurs, depuis plusieurs rues alentours.
Reclus derrière la façade d’un hospice du XIXe siècle, conservée pour accueillir la partie administrative et l’auditorium, le jardin est idéal pour débuter la visite. En passant par la rue intérieure, un atrium de 17 mètres s’offre aux visiteurs. Un axe autour duquel tout le musée s’articule pour se focaliser sur un vestige du sanctuaire de la Source. Placé à 15 mètres au-dessus du sol, le fronton retrouve sa fonction de porte d’entrée tout en rappelant les origines de la ville. Au VIe siècle avant notre ère, Nîmes est née autour d’une source et du culte de Nemausus, un dieu local vénéré pour l’eau qu’il fournit et qui donne depuis son nom à la ville.
Dès l’extérieur, au milieu de la transparence du hall, « un escalier monumental et sculptural » invite les visiteurs à découvrir les collections permanentes en empruntant son « jeu de courbes et de contre-courbes ». Parée d’Inox et inspirée de Chambord, sa double révolution conduit jusqu’à la première des quatre sections chronologiques. L’âge du feu, l’époque romaine, médiévale, et la redécouverte de l’héritage antique au XIXe siècle s’enchaînent alors dans une continuité d’espaces ouverts, à contre-pied des traditionnelles salles en enfilade.
Entre les reconstitutions d’un salon romain et d’une maison gauloise, les céramiques, parures, pièces de monnaie et outils se succèdent dans leurs vitrines au socle d’acier, quand elles ne sont pas pas directement intégrées au sol. Une façon de retrouver l’atmosphère des fouilles archéologiques qui évoque également la scénographie du Musée de Bretagne, déjà conçue par l’architecte en 2006. Dans une partie consacrée à l’architecture monumentale, une première ouverture sur l’amphithéâtre attend ensuite les visiteurs, comme « une surprise » ménagée entre le drapé de la façade translucide.
Avec 7 000 carreaux de verre sérigraphiés, l’enveloppe évoque autant une toge que l’art de la mosaïque. Ses ondulations horizontales établissent « un dialogue complémentaire » avec la verticalité des arcades voisines, tandis que ses lames de verre servent de filtre thermique au bâtiment. La structure courbe qui les maintient permet également d’alléger le poids du bâtiment, dont quelques colonnes en béton brut sont laissées apparentes au sein des espaces d’exposition, volontairement dépouillés pour valoriser les œuvres.
Au fil du parcours, les espaces se dilatent ou se rétrécissent au gré des collections, rythmés par des jeux de niveaux qui surplombent les 35 m2 de la mosaïque de Panthée. Réalisée au IIIe siècle, la pièce phare du musée laisse ensuite place à un mur d’images interactif qui projette les visiteurs dans le passé. Un dispositif de réalité augmentée avant d’accéder aux niveaux supérieurs, animés par le restaurant du chef étoilé Franck Putelat et une terrasse panoramique avec vue sur tous les monuments antiques la ville. L’endroit idéal pour fêter l’inscription de Nîmes au Patrimoine mondial de l’Unesco ? Réponse au mois de juillet…
Musée de la Romanité. 16 Boulevard des Arènes, 30900 Nîmes.
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